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Critiques de Christiane de Beaurepaire (2)
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Non lieu : Un psychiatre en prison

Que faire après cette lecture ? Finalement, tout prisonnier est malade mentalement ou le devient. La prison est perverse . elle réduit a neant des individus qui sont eux aussi pas grand chose au depart. Comment soigner sans réel clé ? La prison réduit elle les risques ? L individu est il protégé ? Je reste perplexe. Le système carceral n est pas la panacée. Ni la solution. En prison, souffrance, suicide, déshumanisation...et a la/sortie aucune solution donc récidive et retour a la case départ, plutôt prison. Ces équipes médicales ont un sacre courage et force.
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Non lieu : Un psychiatre en prison

Après quinze années d'exercice de la psychiatrie en milieu carcéral, à Fresnes, l'autrice livre ici un « recueil d'impressions, un carnet de croquis, une méditation » : ni récit, ni témoignage, ni documentaire. Pourtant deux constats et une thèse s'en dégagent : une part exorbitante des détenus souffre de psychopathologies lourdes (dont la schizophrénie), qui devraient être soignées dans des hôpitaux et non punies en prison, d'autant que cette institution, par sa nature même de lieu d'exclusion et d'enfermement, ne fait qu'aggraver ces pathologies. Deuxième constat : il existe une corrélation très forte entre trois éléments : la pauvreté-exclusion sociale, les psychopathologies-addictions toxicomaniaques et la criminalité. La thèse : la présente situation dérive de la dégradation des politiques sociales et sanitaires, respectivement le choix économique de ne pas s'attaquer aux inégalités de revenus, ainsi que le désinvestissement des soins psychiatriques hospitaliers au profit de la psychiatrie en prison – la prise en charge d'un psychotique en détention coûtant six fois moins cher qu'un suivi médical en « milieu ouvert » – choix justifiés par le « populisme pénal », idéologie culminant dans la création de « centres de rétention de sûreté » nés du principe de précaution, fondée sur la répression, avant même les délits, des classes défavorisées elles-mêmes ainsi que sur la pénalisation de la maladie mentale (et en particulier de la toxicomanie), quitte à assister à une sensible augmentation de la petite et moyenne criminalité ainsi que de la population carcérale.

En somme, l'heure n'est plus, contrairement au XIXe siècle du Dr. Blanche, à se questionner sur la responsabilité notamment pénale du psychotique, mais à faire en sorte que le système pénitentiaire enferme les « inadaptés », à l'instar des asiles de l'Ancien Régime, avec les étrangers sans-papiers en surcroît, conformément à une politique pénale de plus en plus répressive, qui rassure et flatte l'opinion. Pis, si la psychiatrie en prison est née en 1945 de deux humanistes – le directeur de l'administration pénitentiaire M. Amor et le Dr. Hivert – à l'évidence non sans une grande sensibilité (et peut-être des sentiments de culpabilité) à l'égard des horreurs récentes et en cours provoquées par l'enfermement perpétré par les totalitarismes nazi et stalinien, elle est devenue au fil du temps, outre qu'un succédané bon marché des soins médicaux, un système d'élimination des sujets « dangereux », y compris par voie préventive : en somme, le contraire exact de ce pour quoi elle avait été créée.

Le livre se structure comme s'il reproduisait le cheminement de la psychiatre ou celui d'un détenu au sein de l'institution carcérale. La première partie, « Les "hébergés" », commence par la description de l'hôpital pénitentiaire, de la maison d'arrêt, et l'autrice se questionne sur sa posture professionnelle tout en découvrant « les arrivants ». La deuxième partie, « Le psychiatre et le prisonnier », s'ouvre en décrivant les caractères de certains professionnels (infirmiers, gardiens, directeurs, consœurs...), se poursuit par une évocation de la genèse de la prise en charge psychiatrique en prison, décrit les différents soins qui y sont dispensés et leurs modalités difficiles ; elle se poursuit par une étude de six cas de patients et d'autres récits et réflexions sur des expériences vécues durant la détention de malades. La troisième partie, « Après la prison », se penche sur « les sortants » avec des données d'études sur les effets de la détention et les conditions souvent catastrophiques des libérés, dont nombreux se suicident aussitôt ; est traitée ensuite la « consultation externe » - souvent une obligation de soins jointe à un aménagement de peine – par une autre série de six récits de cas ; enfin il est question de phénomène très fréquent de la récidive : chap. intitulé « Les revenants », dits aussi « les indécrottables », c-à-d. ceux pour qui la réinsertion semble être totalement impossible et la fatalité d'un nouvel emprisonnement un pis-aller voire un soulagement. En conclusion, une quatrième partie en deux chapitres se questionne sur « La prison : paradoxe ou nécessité ? » : cette section, très engagée dans une polémique acérée contre la politique pénale actuelle – depuis la parution de l'ouvrage, je crois que la peine-plancher a été supprimée – qui est qualifiée de populisme pénal. La démonstration de la thèse, ainsi que les récits de cas laissent la place à une verve critique dont on apprécie le fond même si la forme semble surtout dictée par l'acrimonie et la colère...
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