C'est ma plus belle rencontre au marché de la poésie. Christine Girard est professeur au Conservatoire d'Art dramatique de Lille. Elle est chaleureuse, ouverte, nous avons échangé facilement. Et notamment sur les souvenirs, enfouis ou trop partiellement reconstruits , et qui sont au coeur de ce recueil, les " surgissements de la mémoire qui deviennent matière à poésie ", comme elle me l'a écrit dans sa dédicace.
Le texte est un long poème en prose, composé en paragraphes, comme un écoulement continu du passé, fait d'images floues tout d'abord. Dès les premiers jets de phrases, décontenancée, j'ai pensé ne pas pouvoir suivre cette plongée dans un souvenir qui, on le devine assez vite, se révèle traumatique.
Mais le pouvoir hypnotique et poétique des mots de l'auteure a eu un tel effet sur moi que je l'ai accompagnée dans sa quête, je me suis penchée sur le seau, sur la flaque, j'ai cherché avec elle à retrouver la scène aquatique, terrible à ses yeux d'enfant. Peu à peu, malgré un désir d'oubli, une résistance du corps et de l'esprit, elle émerge...
" traversée, traversant, j'ai traîné
au milieu des mots, à les regarder,
à les lire à les dire, a les écouter,
je me suis perdue au milieu
d'eux, perdue pour laisser naître,
apparaître, ce qui s'expose là dans
le noir de l'écrit et le silence, tout le silence"
Voilà un texte fascinant, aux reflets magnétiques, comme le regard de l'auteure. Je le recommande vivement !
Commenter  J’apprécie         300