du temps passé là, instants de bonheur à sauter dans les flaques, à pieds joints sur le soleil, sur le gros nuage blanc, débarrasser mes bottes de la boue, mes bottes en plastique lourdes avec la terre dessous et tout autour, les tremper dans l’eau, sentir le froid traverser c’est doux et frais sur les pieds, je reste un peu pour sentir ça, et le vent me frappe la tête, parfois je pleure, de vie, d’envie, de bonheur, je suis là
quelque chose s’est arrêté du temps s’est suspendu, l’éternité coule à travers moi
descendre ma tête, ma pensée dans mes pieds, être là, sentir le contact avec la terre, écouter le vent, accrocher mes yeux dans un coin de la flaque ouvrir cet espace, flotter sur le nuage qui s’en vient, traverser avec lui, me laisser aller va et vient constant des pieds à la tête de la tête aux pieds, au-dessus de moi tout s’éclaire, le ciel devient bleu, sa lumière douce rassurante, c’est immense cette émotion qui m’emplit
le silence après la pluie, le cahier
troué d'espace entre les mots,
l'écriture comme autant d'averses,
des étreintes parfois si fortes, à
vous couper le souffle, fulgurance
de la langue, entre les bras
des mots
ÊTRE LÀ…
être là, écouter tout ce qui bruit dehors dedans tout ce
qui bruit, le rire lointain d’une enfant qui joue, l’araignée
endormie dans sa toile, le claquement d’un volet qui bat
au vent, les dépouilles de plastique accrochées aux
branches, la balançoire qui s’agite et s’essouffle, être là,
s’émouvoir du souffle sourd qui respire, du souffle sourd
qui s’amenuise doucement