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Critiques de Christophe-Alexandre Paillard (2)
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Les nouvelles guerres économiques

Je suis d'avis que les simples curieux doivent pouvoir s'informer au bon endroit, c'est-à-dire là où l'information est dispensée par des experts. En voici une belle occasion. Les compétences(1) de l'auteur de cette brique en font une autorité incontestable dans le domaine de la géo-économie mondiale d'aujourd'hui (la publication est de 2011). Nous découvrons avec lui qu'à travers les préoccupations de sécurité, ce sont tous les grands questionnements contemporains qui sont soulevés: démographie, commerce, écologie, énergie, science, armement, information et politique. Il s'agit donc d'un ouvrage précieux et complet pour appréhender le monde actuel.



Le livre propose 45 exposés introduits par des questions: Le nucléaire est-il une alternative ? La crise économique présente-t-elle des dangers pour la sécurité mondiale ? La guerre informatique existe-t-elle ? Polluer, un droit des nations riches ?...

Ces exposés sont complétés par des fiches techniques synthétiques: Le défi commercial américain, Les guerres du pétrole, Les achats de terres en Afrique,...

En outre, une dizaine de fiches de lecture traitent d'ouvrages clés comme L'art de la guerre de Sun Tzu ou L'infiltration mafieuse dans l'économie mondiale pour n'en citer que deux



L'auteur expose des situations problématiques et esquisse des pistes qui ne seront sans doute pas celles d'un militant écologiste ou d'un anti-militariste. Éloignées en tous cas de formulations populistes ou simplistes. Le devoir de réserve dû à ses fonctions l'obligent aussi à rester en deçà des polémiques. Il souligne notamment le danger de conflits que peuvent entraîner des déséquilibres économiques et la politique de désarmement pratiquée par l'Europe d'aujourd'hui.



Je n'ai pas encore lu tout l'ouvrage - il faudra des semaines pour lire tout avec le soin requis : j'ai néanmoins découvert la pertinence des sujets servis par des explications claires, complètes et bien documentées, ce qui en fait un bel outil pour des étudiants ou candidats aux hautes écoles, tout en restant accessible à toute personne soucieuse d'être bien informée sur ces questions. J'insiste sur l'accès rapide aux analyses grâce à la structure indexée de l'ouvrage: vous ne devrez pas vous farcir cent pages pour avoir une information complète sur tel ou tel enjeu particulier. Libre à chacun d'aller plus loin à travers la bibliographie abondante proposée en fin de volume. Une liste de sites internet y figure également.



Voici brièvement quelques grandes lignes dégagées par C-A Paillard.



- D'abord l'évidence des tensions à venir engendrées par la croissance de pays émergents, dont celle de la Chine qu'on pourrait comparer à celle de l'Allemagne dans la seconde moitié du 19è siècle, avec les conflits mondiaux qui ont suivi.

- La croissance de ces pays entraîne une demande accrue en ressources et matières premières : une attitude scientiste béate ne pourra résoudre les problèmes économiques posés désormais par le niveau de vie acquis ou espéré.

- L'absence de réponses concrètes aux défis énergétiques: le danger du nucléaire et les énergies renouvelables. Faut-il nous restreindre en prévision de l'apocalypse écologique prédit ?

- La pacification des mœurs géopolitiques n'étant pas à l'ordre du jour, comment considérer la diminution des moyens consacrés à la défense en Europe ?



La documentation est là : à chacun de se faire une opinion sur ces défis.



J'ai pu réaliser la chronique de ce très intéressant ouvrage grâce au site

http://www.les-agents-litteraires.fr/

qui s'est donné pour mission de repérer les meilleurs livres non médiatisés et d'en faire la promotion sur internet. Je les remercie vivement.



(1) Directeur à la Commission nationale de l'informatique et des libertés, maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris, enseignant à l'ENA, chercheur à l'Université UBO de Santiago, auteur d'ouvrages et d'articles sur l'économie, les matières premières et la défense.

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Géopolitique du pétrole : Un nouveau marché, de n..

Début 2005, alors que le prix du baril dépassait les 50 dollars, nourrissant la crainte d’un troisième choc pétrolier, trois anciens élèves de l’ENA publiaient les résultats d’un travail réalisé au cours de leur scolarité sur la géopolitique du pétrole. Le principal mérite de cet ouvrage, appelé à faire référence, était de battre en brèche les mythes que nourrit l’or noir.



Le premier est celui d’un épuisement prochain des ressources. Depuis 1972 et les prévisions alarmistes du Club de Rome annonçant le tarissement de cette énergie fossile, on vit avec l’idée que la fin du pétrole est proche et son remplacement par d’autres sources d’énergie, inéluctable. La réalité est plus complexe. Il faut en effet distinguer les « ressources » géologiques des « réserves », notion dynamique qui varie en fonction des efforts de prospection déployés et des techniques d’extraction mises en œuvre. Si, par définition, les ressources de pétrole ne varient pas, les réserves, elles, fluctuent au gré notamment du prix du baril. Lorsque ce prix augmente, l’exploitation de certains pétroles conventionnels ou subconventionnels, normalement exclue car trop coûteuse, devient rentable. On pourrait même aller jusqu’à dire que plus les ressources diminuent, plus les réserves augmentent !



Cela ne veut pas dire pour autant que le marché pétrolier ne connaisse à l’avenir des tensions. La demande mondiale de pétrole croît rapidement. C’est l’Asie, et notamment la Chine, en plein développement économique, qui la tire vers le haut, les économies occidentales, – échaudées par les deux premiers chocs pétroliers – ayant quant à elles réussi à réduire l’intensité pétrolière de leur produit intérieur brut (PIB). Cette augmentation exponentielle de la demande pose à long terme la question de notre dépendance à l’égard du pétrole. Dépendance qui aujourd’hui semble quasi-absolue comme le montre la faible élasticité-prix de cette source d’énergie : la consommation à court terme de pétrole ne varie pas lorsque son prix augmente.



Cette dépendance n’est pas pour autant inéluctable. C’est la deuxième idée reçue dénoncée par Cédric de Lestrange, Christophe-Alexandre Paillard et Pierre Zelenko. La dépendance pétrolière est le résultat d’un choix de société qui peut et doit être débattu. L’usage immodéré de l’automobile ne saurait être érigé en dogme, en tout cas pas de ce côté-ci de l’Atlantique. D’autant que la dépendance énergétique n’est que la première des externalités négatives que la consommation de pétrole induit : l’émission accrue de gaz à effet de serre (GES), les risques liés au transport maritime, les atteintes aux droits de l’homme dans certains pays producteurs sont autant de maux dont l’opinion publique prend aujourd’hui conscience.



La troisième idée reçue est que les consommateurs seraient à la merci des producteurs. L’idée prévaut depuis les années 1970 où l’on vit les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) imposer au reste du monde un quadruplement des prix. La situation a bien changé depuis. D’une part, la dépendance des producteurs s’est accrue : la part du pétrole dans leurs exportations comme dans leurs ressources budgétaires est, faute de diversification industrielle, si forte qu’ils seraient les premiers à souffrir d’une diminution des échanges. D’autre part, la dépendance des consommateurs s’est réduite : outre ceux qui, comme la France, ont réduit l’intensité pétrolière de leur économie, les autres, au premier rang desquels les États-Unis, ont diversifié leurs sources d’approvisionnement. Si les pays membres de l’OPEP représentaient 53,4 % de la production mondiale en 1973, leur part s’est réduite à 39,7 % trente ans plus tard. Entre-temps, la géopolitique du pétrole s’est élargie à de nouveaux horizons : l’Europe a exploité les champs de la mer du Nord, l’Amérique, ceux de l’Alaska ou du Golfe du Mexique, le Golfe de Guinée est devenu un nouvel eldorado pétrolier tandis que la Caspienne et le Caucase ont renoué avec le « Grand jeu » russo-britannique du XIXe siècle.



Pour autant – et c’est la quatrième idée reçue intelligemment combattue – le Moyen-Orient n’a rien perdu de sa centralité dans le marché du pétrole. L’Asie qui est, à elle seule, à l’origine de la moitié de la croissance de la demande mondiale, importe la quasi-totalité de son pétrole de cette région. Si, par ailleurs, la part du Moyen-Orient dans les importations occidentales a décliné, l’importance de ses réserves lui conservera un rôle essentiel. Le Moyen-Orient, et l’Arabie Saoudite au premier chef, est en effet le seul producteur disposant de capacités inemployées. En cas de tension sur l’offre causée par un choc géopolitique (grèves au Venezuela, guerre civile au Nigeria, sanctions contre l’Iran, attentats terroristes en Irak), la fluidité du marché dépendra de la réaction de ce swing producer (producteur d’appoint).



Loin des pronostics millénaristes qui ont cours parfois, l’ouvrage de ces trois jeunes énarques nous invite à une réflexion proprement géopolitique. Le pétrole n’est pas seulement une ressource géologique en voie de tarissement ; il n’est pas non plus un produit abstrait, jouet des fluctuations de l’offre et de la demande. Il est avant tout un bien physiquement localisé dont la prospection, l’exploitation, le transport et la commercialisation dépendent de facteurs bien humains.
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