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Citation de SZRAMOWO


Un jour que je cherchais un livre pour un voyage en train dans un Relais H, j’ai ouvert par hasard Le Lièvre de Patagonie de Claude Lanzmann. En lisant la première phrase – « La guillotine – plus généralement la peine capitale et les différents modes d’administration de la mort – aura été la grande affaire de ma vie », j’ai éprouvé un vertige mêlé de reconnaissance. Je n’étais donc pas le seul à vivre avec ces cauchemars ?

Le premier chapitre des mémoires de Lanzmann décrivait des terreurs nocturnes similaires aux miennes. Il évoquait l’empreinte indélébile du cinéma – L’Affaire du courrier de Lyon, vu à douze ans, et qui m’avait également marqué vers le même âge, quoi que je ne l’aie découvert qu’à la télévision. Il avouait aussi sa hantise de la moindre représentation de la guillotine dans un manuel d’histoire, un livre ou un journal.

Ces phobies intimes, rapportées à un corps sans cou – dont il disait son angoisse de ne pouvoir l’imaginer étêté –, Lanzmann les présentait comme le ressort originel de sa révolte contre les exactions de toute nature. Elles justifiaient a posteriori un parcours de cinéaste engagé. Le point d’aboutissement de tels combats, pour cet homme traumatisé par les images de la dernière exécution publique – celle de l’Allemand Eugen Weidmann en 1939 –, c’était naturellement l’abolition de la peine de mort.

Mais quelle pouvait être la justification de ma hantise, à moi qui avais grandi dans un monde où la guillotine avait été reléguée au musée des horreurs ?
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