« Si le battement d’ailes d’un papillon peut déclencher une tornade, il peut aussi l’empêcher ».
Sans bijou ni maquillage, elle avait presque le visage d’un ange. Il ne la connaissait pas mais elle était en quelques minutes devenue son premier rayon de soleil de la journée, qui venait contraster avec la violence de la tornade folle qui s’abattait actuellement sur lui.
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Etait-ce leur formation insuffisante ? Le faible budget de l'hôpital qui entrainait un manque d'effectifs et donc un principe de précaution inhumain ? La routine dans laquelle ils ne pensaient plus ? L'évolution de la société ? De la psychiatrie?
Ils étaient aveuglés.
Cette situation folle était -elle, à force d'habitude, devenue banale à leurs yeux ?
Combien d'hommes et de femmes avaient -ils enfermés derrière cette porte blindée , puis contentionnés, sanglés, pour ne plus se rendre compte de l'abominable et de l'incroyable violence de la méthode ?
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…le patient est -il contentionné parce qu'il est agité, ou est-il agité parce qu'il est contentionné ?
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Elle était du groupe des infirmières rassurantes, qui aiment s’asseoir aux côtés des patients pour discuter avec eux de choses et d’autres, de leur situation, de leur souffrance, mais aussi de sujets beaucoup plus légers comme la météo ou le dernier film d’un acteur à la mode. Jamais elle ne criait, bien au contraire, sa voix était toujours douce, enveloppant son interlocuteur d’une apaisante chaleur.
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Mais finalement, chaque repas était pire qu’une épreuve, chaque repas était un cauchemar.
Ils insistaient presque toujours pour qu’il partage ce moment avec les autres malades et il lui était parfois difficile de s’affirmer en refusant. Surtout quand on lui renvoyait son isolement, son refus d’aller vers les autres, et de ce fait, peut-être un peu, son refus d’aller mieux selon les soignants.
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A l'hôpital psychiatrique, comme à l'hôpital général et comme ailleurs, nous pouvons ainsi tous être confrontés à une situation particulièrement critique devant un patient qui s'agite. (…)
En quoi pourrions-nous être la source de cette tension qui le patient exprime envers nous ou l'institution ?
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Systématiquement donc, pour le bien du patient et pour le maintien d’une relation de qualité avec lui, nous devons réfléchir à chacune de nos actions et à ses éventuelles conséquences.
– Dans toutes les situations, aurions-nous pu soigner différemment ?
– Aurions-nous pu proposer de l’apaisement ?
– Aurions-nous pu éviter l’agitation, la violence, la contrainte ?
(…) cette question de la fonction ou de la place du soignant psychiatrique est apparue au cœur de mes préoccupations et de ma réflexion. (…)Ces temps pris pour réfléchir à ce que nous sommes et ce que nous donnons ne peuvent qu’améliorer la relation que nous entretenons avec les malades, dès lors que nous restons attentifs à sa qualité.
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Il y avait une deuxième fenêtre, toute petite, encastrée dans la porte blindée. C’était un hublot, qui permettait de voir depuis un sas très sombre, et même noir. Probablement pour la surveillance.
Sur le mur, pas d’interrupteur pour commander la lumière ou le volet roulant extérieur. Seuls les soignants avaient accès quelque part derrière la cloison à ces commandes-là. Il y avait néanmoins un bouton d’appel. Mais il n’y aurait pas la possibilité de s’en servir tout de suite.
« LA chambre d’isolement ».
Glaçante.
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