Cette usine faisait partie d’un pôle de quatre sites principaux qui couvrait l’îlot des Lapins et l’île du Ramier contiguë, dont les terrains appartenaient à l’Armée. La plupart fabriquaient des choses courantes, produits pharmaceutiques, dérivés d’ammoniac pour filtrer les eaux, des cochonneries pour l’industrie du papier ou, dans celle de son père, des ammonitrates pour engrais azotés. Une était plus mystérieuse. Cernée de murs barbelés, elle appartenait à la Direction générale de l’armement et on y voyait aller et venir des soldats. Les gens du pays disaient qu’elle était trop près de la ville maintenant qu’on avait construit partout. Que s’il y avait un accident un jour, ça ferait du vilain.