Ce livre est un peu ardu à lire, néanmoins, il apporte un éclairage très intéressant sur la protection animale, ses origines, son évolution à travers le temps et ses différents mouvements.
A l'origine, la cause animale relève d'un certain humanisme professé par une élite essentiellement masculine issue de la noblesse et de la bourgeoisie, pour éduquer et élever moralement la population. A cet époque le bien être de l'animal importe peu. L'important est que l'homme ordinaire se comporte mieux, selon les principes de la morale et de la religion. Ainsi par exemple, on crée les abattoirs que l'on bâtit hors la ville, pour que le peuple ne soit pas importuné par la mort des animaux d'élevage, et ne soit pas élevé à la violence quotidienne.
Petit à petit, la cause animale s'élargit et s'entend aux animaux d'affection -chats, chiens, etc... - et se féminise et se popularise. Nous sommes dans la seconde moitié du XIXe siècle et les premiers refuges pour les animaux errants voient le jour. C'est aussi l’essor des sciences biologiques et de la vivisection, qui entraîne l'émergence d'un mouvement antivivisectionniste très important. Ce mouvement se compose essentiellement de femmes, très engagées socialement. Elles feront l'objet d'une campagne très violente des scientifiques et le mouvement perdra sa crédibilité et son combat. C'est à ce moment là que le mot Zoophile, qui jusqu'alors était un mot positif pour désigner toute personne attaché aux animaux, verra son sens dévier négativement. La zoophilie devient une maladie mentale, au même titre que la schizophrénie, qui touche principalement des femmes, et notamment les femmes ayant fait de la vivisection leur combat... Plus tard, le terme prendra une connotation plus sexuelle, totalement éloignée de son sens premier.
Dans le courant du XXe siècle, avec le développement des sciences naturelles et l'émergence de l'écologie, la cause s'étendra à l'ensemble des animaux sauvages qu'il faut protéger des méfaits de la civilisation et de l'industrialisation croissantes. La cause devient plus activiste.
Cette lecture est très intéressante. Elle m'a permis notamment de découvrir quelques figures féminines que j'ignorais, comme la journaliste féministe et antivivisectionniste Séverine, secrétaire de Jules Vallès et auteure du livre "Sac-à-Tout, mémoires d'un chien" qui n'est plus édité mais que l'on peut télécharger gratuitement sur le site gallica.bnf.fr et que j'ai lu aujourd'hui (c'était un aparté!). Elle permet aussi de mieux comprendre et appréhender la cause animale, d'en cerner sa complexité et ses différents mouvements, grâce à l'excellente analyse de son auteur.
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