Christophe Trouslard, 56 ans, est né dans le bassin sidérurgique lorrain... Il a beaucoup joué dans la rue en compagnie des fils et filles d'ouvriers, des Abdellah, Abdel Krim, Messaoud, des Dino, des Lovato... Ici, les Roumains, là, les Portugais, les Italiens, les Yougoslaves. La sidérurgie brasse les cultures. Il en sort de l'acier. Quel lien avec « Les Braises de la Colère » ? Ces quartiers d’ouvriers, alignant les maisons en files indiennes. On pouvait y contempler la pauvreté parfois criante des gens sans s’interroger sur la richesse qu’ils taisaient ou qu’ils ignoraient détenir. On pouvait se contenter de passer et se faire suivre un moment du regard. Il y avait des drames, de l’alcool, des tragédies familiales. Quelques gamins étaient des cancres invétérés. Qu’importe ! Ils finiraient à l’usine. Les gamines se faisaient engrosser ? Et alors. La misère engendre la misère, à moins d’un coup de chance. Quelques rues plus bas, au centre ville, rien à signaler. La cloche dans son clocher égrenait les heures. Il est certainement des endroits plus poétiques où puiser son inspiration. Certes. Mais quel que soit l’endroit, les images de l’enfance qui restent imprimées finissent par déverser leur encre et guider une plume, des années plus tard, surtout lorsque détresse et injustice se rappellent à nos bons souvenirs. Lorsqu’à 20 ans on devient instituteur, il est bon de se rappeler qu’un jour on a été gamin.
- Vous verrai-je à l'office, dimanche ?
- Je l'ignore. Vous prétendiez prêcher souvent dans le désert. Vous m'avez effrayé. Je suis grenouillot, pas bédouin.