Le malade est idiot. Enfermé dans sa douleur, dans son corps qui le torture, dans sa tête obsédée par la maladie ou possédée par la souffrance. Il ne parle plus comme les autres. Il ne conjugue plus qu’avec prudence ses phrases au futur. Il est un être du conditionnel. Si je vais bien, si je guéris, si je ne suis pas hospitalisé sont les sous-entendus de chacune de ses phrases. Pas de futur simple. Pas de projection spontanée. L’élan de la pensée, comme celui du corps est freiné par des charges invisibles qui pèsent sur les articulations de sa vie. Les mouvements, comme les espoirs, son plus lents.