Chaque carnet était rempli à ras bord, comme si l’auteur craignait de ne pas avoir assez de place. Il retourna à la première page et commença sa lecture. L’écriture était réfléchie, les phrases faisaient l’effet d’un coup de poing. Il ne put s’arrêter avant de fermer le tout dernier carnet, restant assis sur sa chaise, bouleversé par ces simples mots qui s’enchaînaient avec fluidité.
Même si la solitude lui manquait après un certain temps, l’immersion totale était, selon lui, impérative pour être le plus proche de la réalité possible. Il apprenait donc les différentes langues et coutumes. Dorénavant il se débrouillait dans cinq langues, suffisamment pour interroger les locaux. Une fois le courrier éparpillé sur la table, il poussa un long soupir. Il était trop tard pour sortir et le temps n’était pas de son côté.
-- Est-ce que vous vous souvenez de tous vos articles ?
-- Évidemment que je me souviens de tous mes articles ! Comment vous vous appelez déjà ?
(...)
-- C'est juste que vous semblez avoir des troubles de la mémoire...
-- C'est du n'importe quoi, tout ça ! Je ne me souviens que de ce qui est important, voilà tout !
Passer dans son émission était le Graal pour tout artiste qui se respectait. Il avait rencontré les noms les plus tendance, de Natalie Portman à Michelle Obama. Rupert ne se considérait pas comme de la trempe de ces personnalités, mais Coleman avait insisté personnellement pour le recevoir dans son émission.
Il menait une vie simple dans la parfaite continuité de leur père : avoir une famille catholique et un travail à responsabilités. Tandis que Rupert, qui n’avait pas mis les pieds dans son appartement parisien depuis onze mois, était un éternel solitaire qui fuyait toute forme de caste sociale.
Bien qu’il ne soit pas capricieux, il ne supportait pas qu’on lui dicte sa conduite ; prendre un agent avait été un lourd sacrifice pour sa liberté et son amour-propre. Cependant, Adam était un grand négociateur, contrairement à Rupert, alors il pouvait lui obtenir ce qu’il voulait.