- Leur âme est notre objectif, pas notre matière. L’essentiel de leur instruction sera fait de lectures et de conversations à propos de ces lectures, comme c’est le cas quand on instruit des garçons. De la littérature, du raisonne ment moral, de la réflexion scientifique.
- Et des mathématiques, ajouta David
- Oui.
Samuel avait tendance à oublier les mathématiques, qui seraient enseignées par David. Elles n’avaient jamais été son fort : il y avait trop de règles quant à la manipulation des nombres.
- Mais elles ne seront pas des garçons, rappela Caroline.
Elle avait beau le lui répéter, elle n’était jamais certaine qu’il l’ait entendue.
- L’âme n’a pas de sexe, rétorqua Samuel. C’est ce que nous allons montrer au monde.
Pendant sa promenade, ce soir-là, Caroline pensa à cette âme sans sexe. L’idée avait quelque chose de glaçant, comme l’air tapi à présent dans la pénombre sous les arbres, avant-goût de l’automne. Caroline n’avait en réalité aucun moyen d’évaluer sa véracité. Elle savait juste que sa vie, elle, avait un sexe.