Quelque chose
Tout est déjà en place, sortez et courez entre les touffes de genêt, griffez vos jambes aux branches d’ajonc, respirez à pleins poumons le miel des prunelliers, il se passe quelque chose ! Quittez vos chaises, prenez un bain balsamique, criez du haut des falaises, dans le vent peuplé d’insectes quelque chose s’étire, ouvre un œil, se retourne, bâille, cherche le soleil ! Nous sommes habités, dépassés, soumis, nous fléchissons comme la tige sous le poids des fleurs, quelque chose force. Deux silhouettes jouent à s’aimer, nous n’y comprenons rien, des boules de pollen voyagent de calice en calice, éternuements, désordre, excitation, bourdons et abeilles, papillons. Pourtant, rien n’est inquiétant, les mères promènent leurs enfants. Quelque chose qui ne calcule pas construit, et en une singulière énergie déploie le mouvement par tous les éléments. Ne restez pas pétrifiés, laissez-faire en vous, on ne résiste guère à ce qui s’accomplit ! Les armes rouillent dans leurs gaines, les baudriers se vident. Nulles questions, nulles réponses, il semble que ce soit davantage. Quittez vos chaises !
Toi
Je suis sorti et je ne t’ai pas vu
car tu étais partout,
falaise la plus haute
arbre le plus haut
rocher le plus haut,
et je ne savais pourquoi j’étais gai
pris en toi que je ne savais pas ici
partout et toujours au centre
quel que soit le chemin emprunté,
je marchais dans ton pas
riais dans ton rire
je me roulais dans ton herbe
soulevais les voiles de ta poussière
qui nous aime et où nous irons
plus tard,
plus tard.