Et, vois-tu, dans ma folle jeunesse, il m’arriva parfois de mettre en doute la suprématie romaine : je me plus à penser que d’autres civilisations méritaient tout autant nos égards. Et, de fait, j’ai pu admirer ici, en Gaule, la bravoure des soldats ou l’excellence des arts des métaux. En Orient, la voluptueuse séduction de ses fastes. Mais, je me suis peu à peu convaincu que notre civilisation – pensée grecque et ordre romain – est la plus belle, la plus digne de porter au loin une idée de l’homme qui ne le fasse point rougir sous le regard des dieux. Bien que Rome ne soit plus à son meilleur je vis encore selon mon droit à Trèves comme à Antioche, à York comme à Bordeaux, à Saragosse comme à Constantinople. J’habite sereinement ce monde parce que je le crois fait à la mesure humaine. Et que rien d’humain ne nous est étranger. Nous n’habitons pas l’infini.