Tu as vécu l’aube indécise du Galiléen, j’observe, moi, son crépuscule. La nuit de Dieu envahit ma nation comme une houle immense. Non que le Christ s’efface devant le scepticisme des savants ou le persiflage des esprits forts, non, il s’étiole, privé d’air, d’espace et de sens, devant le cliquetis des machines, la nuée des signes numériques, le maillage sans fin des causes et des effets. Les interdits, les péchés s’évanouissent avec lui. Le monde perd ses anges et ses démons, ses elfes et ses fées. Il se désenchante. Et les foules adolescentes, dans le tumulte et la trépidation, excitent et épuisent des corps que Dieu n’habite plus.