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Critiques de Claude Javeau (2)
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Sociologie de la vie quotidienne



J'ai bien aimé ce petit bouquin plein de grandes idées. Quand on lit un que-sais-je, on sait à peu près à quoi s'attendre. On prend un expert qui a fait ses preuves, pas nécessairement connu du grand public et il doit se débrouiller avec la contrainte qu'on lui donne. Ce n'est pas un livre à suspens mais on ne s'ennuie pas non plus. On peut faire son miel de tout ce qu'on lit.

Ce petit livre démonte le moteur qui entraîne tous nos gestes machinaux, ceux qu'on fait sans y penser . Il lève le voile sur le squelette de notre vie de tous les jours.

Tout d'abord, la vie quotidienne, c'est du temps social. Nous avons appris le temps social comme nous avons appris à compter et à lire. La société nous impose les mêmes unités de mesure sinon nous ne pourrions pas interagir ensemble.

Il y a le temps obligé ( le travail), le temps libre (loisir), le temps contraint (achats, démarches administratives, soins aux enfants...) et le temps de nécessité (sommeil, repas,...)

Les plus "fortunés" en temps ne sont pas forcément les mieux lotis sur le plan financier. Les plus aisés financièrement sont parfois pauvres en temps.

Mais le temps, c'est aussi de l'espace. Nos parcours dans cet espace peuvent être déterminés (maison-travail-courses), semi-déterminés (rendre visite à des parents, des amis, partir en vacance), ou libres (randonner sans but par exemple, partir au hasard). Le temps libre du prisonnier ou du malade dans son espace confiné sera dit aliénant.

Se socialiser, c'est puiser dans un stock de connaissances disponibles. L'individu est tributaire des autres pour cette information qui va lui permettre d'interpréter les situations de la vie quotidienne. C'est le sens commun.

Mais pour que j'accepte de suivre les règles qu'on m'a appris, il faut que je leur trouve du sens. C'est la légitimation. Berger et Luckmann dégagent 4 niveaux de légitimation (p.51):

- Le langage (le père, avec ses attributs d'autorité, est celui dont il est dit qu'il est le père et cela suffit)

- Les propositions théoriques rudimentaires (proverbes, dictons, aphorisme, "mieux vaut être seul que mal accompagné")

- Les théories explicites (le droit , les règlements, les codes)

- Les univers symboliques : les religions, les visions du monde (le Parti, la Cause), la Science, la Littérature pour moi qui aime me définir comme un littéraire...

Ces 4 niveaux se combinent pour permettre à la société de maintenir un tissu social donné.

Ensuite Claude Javeau s'appuie sur Erving Goffman pour nous montrer la vie de tous les jours assimilée à une scène de théâtre.

Il y a la scène où nous jouons un rôle et la coulisse où nous sommes naturels. Nous devons respecter une loyauté dramaturgique (ne pas trahir de secrets), une discipline dramaturgique (être capable de faire taire ses sentiments spontanés), une circonspection dramaturgique (prévoir, fixer d'avance). Ce sont les règles de surface d'une société donnée qui lui permettent de tenir.

Comme les rituels de présentation et d'évitement. On garde une certaine distance en se présentant, on attend un accusé de réception. Et quand on évite l'autre, on se met en scène, pour ne pas que sa "sphère idéale" soit violée, mais aussi pour ne pas violer la sienne. Il s'agit d'un "complot social" visant à colorer de confiance les relations sociales.

Ce chapitre se clôt sur le stigmate ( reconnaissance ou révélation d'un attribut qui entraîne le déclassement d'un individu, il peut être visible, invisible, moral, social....)

Le dernier chapitre s'appelle Aliénation et résistance.

Comment les individus montrent leur autonomie résiduelle: une capacité de résistance aux injonctions de l'ordre établi, un quant-à-soi qui permet de n'en penser pas moins.

Comment affirmer son irréductible singularité ? Il y a des tactiques: résistance au changement, affirmation des différences, prise au sérieux de l'insignifiance (ex: télé-réalité, sport de masse, vie privée des politiques)

D'ailleurs l'auteur conclut à propos de la duplicité de l'individu que la vie quotidienne, vue sous un certain angle, est un tissu de mensonge.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Éloge de l'élitisme

100 pages au vitriol ! Que du plaisir si on ne s'oblige pas à adhérer à la totalité des idées de l'auteur. Le trait est volontairement caricatural mais on ne boude pas son plaisir à se lâcher avec l'auteur. Et l'on en ressort moins honteux si l'on est concerné par cet élitisme qui reprend du galon, l'auteur le revendiquant pour lui même avec un aplomb qui nous allège finalement.



Evidemment, il est aussi possible de lire ce pamphlet comme un opus pédant et réactionnaire mais ce serait se gâcher le plaisir....
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