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Citation de Danieljean


Il y avait eu des signes au cours des semaines précédentes, à Épinoy-en-Artois. On avait noté qu’une gargouille de l’église s’était brusquement effondrée, sans cause apparente, un dimanche de mars, à l’heure de la messe chantée. Elle était tombée contre un groupe d’enfants. Une petite fille avait été choquée et sur place avait fait des convulsions. Les bonnes gens s’étaient attroupées autour d’elle. Le prêtre l’avait aspergée d’eau bénite. Elle gisait à terre, toute secouée de soubresauts. Elle avait relevé sa jupe par-dessus la tête et personne ne pouvait la lui faire abaisser. On voyait donc son ventre nu, avec son entaille au bas clairement tracée dans le relief. Les jeunes garçons riaient en se poussant du coude et leurs mères levaient les bras au ciel. Cependant l’étrangeté de la scène tenait moins à la fillette, crispée dans l’exhibition de sa petite nudité, qu’à la présence au sol de la gargouille. Car celle-ci figurait ni plus ni moins une diablesse en gésine. Entre ses cuisses écartées, magnifiées d’une plantureuse vulve, surgissait la face pointue d’un diablotin. Plantée à la base du clocher dont elle recueillait les eaux de pluie, cette gargouille n’avait jamais attiré le regard de personne. Mais à présent elle était là, grotesque et impudique. Et les malins, voyant tout ce que montrait la petite fille, dépitée de toute ingénuité, s’attendaient à voir sortir de l’ornière un visage anguleux ou un pied lutin, par goût de la réplique et plaisir de la symétrie. Mais rien ne parut. L’enfant finit par baisser son jupon. Elle s’assit sur son séant et regarda le monde en souriant.
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