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Citation de Danieljean


Un métayer, du hameau de La Poudroye, fut le témoin d’une scène étrange qu’il narra par la suite à tout venant jusqu’à la fin de ses jours. Le 19 mars, jour de saint Joseph, une vache mit bas sur la paille au petit matin. Tout se passa bien d’abord. Mais lorsqu’il fut sur ses pattes, le veau, au lieu de chercher le pis de sa mère, comme font tous les veaux, pour se désaltérer et se nourrir, chercha la cougne, c’est-à-dire la grosse fente encore toute congestionnée et dolente d’où on l’avait extirpé à grand renfort de bras. Le métayer avait beau le pousser sous le ventre de la vache, le petit animal, tout humide et tout tremblant, revenait au sexe qu’il humait et léchait. On vit alors cette chose étonnante : le veau, debout sur ses pattes arrière qui fléchissaient, au point qu’il dut s’y appliquer à maintes reprises et maladroitement, finit par appuyer son museau tout entier contre la vulve et à l’y introduire. Le pauvre débile faisait pitié mais il persévéra. La vache mugissait doucement, presque tendrement, en une vaste complicité de chair qui défiait les lois ordinaires de la nature. Et l’homme, là-devant, était tellement surpris, avait tellement conscience d’assister à un phénomène exceptionnel et quasiment miraculeux, qu’il était incapable d’intervenir et se contentait de regarder, laissant faire les bêtes entre elles. Il put donc voir le veau pousser lentement sa tête dans le vagin, tandis que tout le petit corps, surmené d’appétit indicible, bien au-delà de ses forces, s’agitait comme une chiffe, de plus en plus faiblement. À la fin, lorsque le museau fut enfoncé jusqu’aux yeux, le veau d’un jour cessa tout mouvement et resta pendu à l’arrière-train de sa mère – appendice fantasque et fantastique, suffoqué, pensera-t-on, par son bonheur et sa performance singulière, autant que par l’inévitable asphyxie, aucune mère ne s’offrant jusqu’au bout comme un objet respirable.
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