Voyager à vélo permet de percevoir intimement les terres traversées, d'absorber les petits riens et d'accueillir des confidences sans contrainte ni effraction. De ressentir à pleins poumons les soubresauts du monde, son temps fragile, pour tenter de comprendre la réalité avec instinct et sans complaisance. Je ne connais pas plus honnête qu'une bicyclette pour découvrir un territoire, sillonner cette île entre les lignes de ses paumes ouvertes. Cœur, tête, chance, vie, destin, tout est inscrit dans ses contours et son relief. Luttant contre le vent de face, Cuba se déploie, insaisissable et morcelée. A chaque coup de pédale monte de la terre le chant de mes roues. Je crayonne l'asphalte, remonte le cours de l'histoire, réinvente le monde.