PRÊTE-MOI TON VISAGE,
QUE J’APPRENNE À ME VOIR
I
l’étincellement du silence
l’art aura donc déposé l’une après l’autre
les écales fanées
les instants – atomes du vivre –
de ce que tu as été ou a cru être
Tu n’es plus même un inconnu
que tu aimerais à connaître
Une fois suffit bien
Que sont les jeunes princes d’antan
devenus
visages aux minces secrets frémissants
comme la peau nous répond sous la paume
L’eau sensuelle de l’instant profond
ne s’émeut plus au souffle de l’amant
Toute œuvre est solitude
Hier était porte ouverte
clé aux lèvres
Mais te voilà en même temps des deux côtés
de la porte close désormais
à ce qui aurait pu advenir
et ne sera pas
Même si tu te perds à épier ta passion
dans ces regards d’étoiles mortes
sans plus de réponse que l’infini
p13