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Critiques de Claude Sintes (6)
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Bibliothèque idéale des Odyssées

Ces "Bibliothèques Idéales" sont vraiment et définitivement un régal....



Après nous avoir gratifié de

La Bibliothèque idéale des mets et des mots ;

La Bibliothèque mythologique idéale ;

La Bibliothèque idéale des philosophes antiques ;

La Bibliothèque humaniste idéale ;

La Bibliothèque classique infernale ;

La Bibliothèque classique idéale ;



Voici un petit nouveau, que nous offre les Belles Lettres, qui vient intégrer cette collection aussi indispensable que remarquable :

La Bibliothèque idéale des Odyssées (D'Homère à Fortunat), sous sa couverture bleu comme la mer et sa chouette couleur or, on sait d'avance que nous allons au devant de la découverte de trésors de la littérature classique avec pour élément fédérateur l'Odyssée



Claude Sintes nous prévient dès le début citant la belle phrase de Gide : "Choisir, c'est se priver du reste". Mais là il n'est nullement question de privation tant les choix semblent judicieux, opportuns et adéquats.

À tout seigneur, tout honneur, l'auteur ne pouvait débuter sans Homère de retour de Troie, poursuivre sans, bien entendu, Jason à la recherche de la Toison d'or et convier Énée fuyant sa patrie pour aller fonder une nouvelle civilisation.



Alors dans ce volume on retrouvera également Eschyle, Euripide, Aristophane. De historiens antiques tels Hérodote, Strabon ou Denys d'Halicarnasse qui se lance dans une analyse archéologique du voyage d'Énée.



Mais ces textes sont là également pour démontrer la diversité des destinations, éclairer les raisons du départ, les moyens que le voyageur antique déploie, les craintes et peurs de ses contrées inconnues voire hostiles.

Alors il y a les intrépides, ceux qui prennent leur temps, ceux qui se délectent, ceux qui ne veulent pas partir, ceux qui sont obligés de partir, ceux qui restent, ceux qui son tristes de rester, ceux qui ont peur, ceux qui s'émerveillent. Bref, un instantané des sentiments humains face aux voyages.



Parmi ces textes qui sont tous, avouons-le des redécouvertes ou des découvertes. Il en est qui laissent place à l'émotion, j'en veux pour preuve:

Le préambule sur Virgile et les vœux d'Horace

"Comme bien d'autres intellectuels de la fin de la République et du début de l'Empire, le génial poète de la navigation au long cours d'Énée, véritable Odyssée de langue latine, ne tenait pas en grande estime les voyages maritimes. Pire, le seul déplacement lointain qu'il ait jamais entrepris a causé sa perte. D'une modeste origine paysanne, timide, un peu gauche et souffreteux, Virgile (70-19 av. J.-C.) ne va pas, comme ses jeunes contemporains de la haute société, fréquenter les écoles d'Athènes ou de l'Orient, visiter les lieux culturels du Péloponnèse ou de l'Égypte. Ne s'éloignant pas beaucoup de sa province natale, il est formé à Crémone, Milan et Rome, la plupart de ses déplacements se limitent ensuite à la péninsule et à la Sicile. Après onze années passées à l' écriture de son épopée nationale, l'Énéide, il souhaite parfaire son chef-d'œuvre, en visitant les endroits où ses héros agissent, aiment et meurent. Prenant la mer en 19 av. J.-C., il prévoit de rester trois ans en Grèce et en Asie Mineure pour suivre le périple des Troyens et compléter ses vers par des descriptions de lieux qui soient crédibles, Horace, son ami intime, a gardé dans l'une de ses Odes (I, 3) le souvenir de ce départ en lui adressant des vœux de bon voyage :

[...] veuille le père des vents, les tenant enchaînés tous hors I'lapix, te conduire, vaisseau à qui je confie et qui me doit Virgile : remets-le sauf, je t'en conjure, à la terre athénienne et conserve la moitié de mon âme.

Si les dieux ont exaucé Horace en permettant une traversée favorable, ils n'ont pas poussé la bienveilance trop loin : quelques mois après son arrivée, le prince desvpoètes est victime d'une insolation (semble-t-il) et rentre, mourant, en Italie. Pris d'un pressentiment avant son départ il avait ordonné à ses amis de détruire ce manuscrit imparfait s'il lui arrivait malheur, ce qu'ils ne firent pas, sauvant des plus grands textes de la littérature classique."



Et ensuite le plus émouvant : le départ en exil d'Ovide, dans lequel Ovide délaisse la réalité pour un rappel de la tempête canonique d'Homère où les vents majeurs se sont échappés de l'outre d'Eole et aussi pour symboliser son âme ballottée en tous sens :

[...] Souvent, dans sa fureur, Neptune voulut perdre le prudent Ulysse et souvent Minerve l'arracha des mains de son oncle paternel. Nous aussi, malgré la distance qui nous sépare de ces héros, qui interdit à une puissance céleste de nous protéger contre un dieu courroucé ?

[...] Malheureux ! mes paroles impuissantes se perdent sans effet. De lourdes vagues, tandis que je parle, inondent même mon visage ; le terrible Notus dissipe mes paroles et empêche mes prières d'atteindre les dieux auxquels je les adresse.

[...] Malheureux que je suis ! Quelles montagnes d'eau roulent autour de nous ! On croirait à l'instant qu'elles vont toucher les astres au plus haut du ciel. Quelles vallées se creusent quand la mer s'entrouvre ! On croirait à l'instant qu'elles vont toucher au noir Tartare. Partout où je regarde, il n'y a rien que la mer et le ciel, l'une grosse de vagues, l'autre menaçant de nuages

[...] Cependant mon épouse dévouée ne s'afflige que de mon exil; c'est de mes maux le seul qu'elle connaisse et pleure. Elle ignore que mon corps est le jouet de la mer immense, elle ignore qu'il est poussé par les vents, elle ignore que la mort est là. Il est bien que je ne lui aie pas permis de s'embarquer avec moi. Malheureux ! il m'eût fallu souffrir deux fois la mort ! Mais, si je meurs aujourd 'hui, puisqu'elle est à l'abri du danger, je survivrai du moins dans la moitié de mon être.

[...] Quand vous voudriez tous sauver ma misérable vu, un être frappé par la mort-né saurait plus existe. Quand la mer s'apaiserait, quand les vents me seraient favorables, quand vous m'épargneriez, je n'en serai pas moins exilé [...]



Alors embarquez sans attendre...

Appareillez sans craintes....

Ce livre vous emportera pour plus les plus belles des Odyssées....
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Les pirates contre Rome

Dans cet ouvrage, Claude Sintes revient sur la piraterie à la fin de la République romaine.





L'auteur présente d'abord les sources, très lacunaires, les pirates vaincus n'ayant pas laissé de témoignage et l'archéologie étant d'un faible apport. Cela l'amène souvent à se référer aux pirateries des périodes suivantes, en risquant un anachronisme assumé. Puis il présente les bateaux, les tactiques, le butin recherché - essentiellement les matières précieuses, le blé et les esclaves - et la façon de le revendre. Enfin il décrit les différentes campagnes menées pour s'en débarasser.





Il y a un chapitre intermédiaire et divertissant, celui de la capture du jeune Jules César par des pirates, et de sa vengeance sanglante. L'auteur montre comment le futur dictateur en fit, par de petites manipulation, un chapitre à sa gloire.





Si le phénomêne a toujours existé sous forme artisanale, l'auteur explique qu'au 2ème et au 1er siècles av. J.C, de grands regroupement de pirates se sont formés, attirant pauvres et déclassés. Installés en Illyrie, en Crête, en Ligurie et surtout en Cilicie, ils présentaient une menace pour le commerce martime et l'influence de Rome.





En particulier, les pirates de Cilicie, au sud de l'Anatolie, formèrent une véritable République de pirates, qui devint un péril majeur pour Rome, attaquant ses alliés et son propre territoire, s'alliant à ses ennemis, et menaçant son approvisionnement en blé.





Longtemps la République romaine négligea le danger, n'engageant que des opérations limitées dans le temps et les objectifs, sans flotte militaire vraiment durable. Vers 67/66 av. J.C., le Grand Pompée obtint les pleins pouvoirs; il quadrilla la Méditerranée en différents secteurs, controlés chacun par une flotte, interdisant les ports aux pirates. Ceux-ci furent repoussés peu à peu vers leurs repaires de Cilicie, jusqu'à leur capitulation ou leur mise à mort.





La grande victoire de Pompée fut de mener une campagne rapide, non pas d'anéantissement, trop coûteuse, mais de réduction du phénomêne; la piraterie fut ramenée à un niveau acceptable. Il utilisa pour cela la force, mais aussi la clémence. Après sa victoire, le peuple romain ne toléra plus de grandes concentrations de prirates, même menée par son fils, Sextus Pompée.





Les conséquences principales de la piraterie fut la création d'un marine militaire permanente et le renforcement du pouvoir des hommes providentiels, comme Pompée, contre la volonté du Sénat.
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Sur la mer violette

CHANT V de L'Odyssée

Voilà cette expression de mer violette qui fait le titre de ce titre de la collection "Signets".



"Ça y est, le voilà déjà, il touche à l’île – elle est si loin pourtant !Voyez-le sortir de la mer violette, mettre pied à terre,et marcher jusqu’à la grotte immense, où vit la Nymphe bien bouclée, souvenez-vous : tiens, il la trouve justement à l’intérieur.

[...]

Mais, lui, vous oubliez que c’est moi qui l’ai sauvé, quand il était à califourchon

sur sa quille,tout seul : pardi, son bon navire, d’un coup de foudre,c’est Zeus, non, qui le lui a chaviré, pulvérisé, en plein milieu de la mer violette.Et ses compagnons ? Tous morts, oui, si vaillants qu’ils fussent !Mais lui, le vent et la vague n’ont pas fini par le pousser ici, peut-être ?"

(Emmanuel Lascoux traduction parue chez P.O.L)



" Mais lorsqu'il arriva dans l'île tres lointaine,

quittant la mer couleur de violette, il gagna

la terre ferme, et atteignit une grotte où la nymphe

aux belles boucles demeurait ; il la trouva chez elle.

[...]

N'est-ce pas moi pourtant qui l'ai sauvé, quand il était

seul sur sa quille, aprés que Zeus, de sa foudre aveuglante,

eut fendu son vaisseau en pleine mer vineuse ?"

(Philippe Jacottet traduction parue aux Éditions La Découverte)



"Mais quand, au bout du monde, Hermès aborda

l'île, il sortit en marchant de la mer violette, prit terre

et s'en alla vers la grande caverne, dont la Nymphe

bouclée avait fait sa demeure.

[...]

Abandonné de tous,

il flottait sur sa quille! de son éclair livide, Zeus avait

foudroyé et fendu son croiseur en pleine mer vineuse!..."

(Victor Berard traduction parue dans la collection La Pléiade)



Alors soit Homère était atteint d'une altération chromatique, soit à trop fréquenter Dyonisos il imagine une mer de vin et bien pas du tout. Car dans l'Odyssée et l'Iliade  la mer est littéralement « semblable à la fleur ion », fleur traditionnellement, identifiée avec la violette, vineuse, lie de vin, ou alors pourpre.

Pour l'auteure Adeline Grand-Clément, l'explication est simple :

"le grand large « couleur de vin », imprévisible, peut être mis en relation avec le culte de Dionysos et les déchaînements auxquels il donne lieu ; la mer « pourpre » offre un visage sombre, qui suggère le danger et le pouvoir de cet élément tout puissant… Les multiples teintes trouvent leur origine dans la nature des expériences grecques de l’étendue marine. La mer est perçue comme étant sans cesse en mouvement ; ce sont ses changements d’état qui intéressent les Grecs et la couleur sert à exprimer cette inconstance. Les adjectifs utilisés mobilisent des sentiments de peur et de respect, des croyances religieuses et des considérations d’ordre rituel, qui évoluent en accord avec les pratiques sociales".



Et c'est justement à cela que renvoie cet ouvrage, qui nous livre ici une anthologie des textes de l'antiquité sur la navigation.

Navigation en 5 étapes :

- Le départ celui où l'on s'arrache à la terre, où l'on guette la mer et le vent pour choisir le bon moment, et enfin le temps des prières et des adieux ;

- le temps où l'on est à bord confronté à ses superstitions, livré aux pilotes et équipages, à agir soi-même à bord, et soumis aux caprices des vents ;

- puis vient la nécessité de naviguer que ce soit pour le commerce, le cabotage ou la plaisance. Partie intitulée "Navigare necesse est" qui n'est autre que l'exhortation que, selon Plutarque, Pompée adressa à ses marins, qui résistaient à l'embarquement pour Rome en raison du mauvais temps (Sur le point de mettre à la voile, comme un grand vent soufflait sur la mer et que les timoniers rugissaient, il monta à bord le premier et ordonna de lever l'ancre il cria : "Naviguer est nécessaire, vivre n'est pas nécessaire !") ;

- la mer est aussi synonyme de dangers celui des pirates et brigands, mais aussi des monstres, les tempêtes et les naufragés et fort heureusement des sauvetages. ;

- et enfin, où plutôt en fin, le dernier embarquement sur la barque de Charon pour passer le Styx, pour rejoindre le dieu des morts Hadès. Cette partie est composée principalement d'épigrammes funéraires, pour certains très poétiques, en voici un :

"D’ONESTÈS DE BYZANCE

Le nom que j’annonce, c’est celui de Timoclès ; dans la mer salée, partout j’ai regardé où pouvait être son corps. Hélas, il est maintenant la proie des poissons, et moi, pierre inutile, je porte cette inscription gravée en vain."



Le résultat est un livre absolument fascinant, comme peut l'être la mer que l'on contemple, on respire les embruns à chaque page, on vogue à chaque ligne.

Que ce soit au travers de cette course de bateaux contée par Virgile, Lucain et sa navigation sans autre aides que les étoiles, le compteur nautique de Vitruve, où comment philosopher en mer avec Aulu-Gelle, et tant d'autres découvertes comme en regorgent chaque opus de cette collection. C'est une découverte assurée d'auteurs méconnus voire pour certains inconnus.



J'avoue avoir eu une préférence pour Synésios de Cyrène qui dans sa correspondance :



"doit se rendre en Libye depuis un petit port proche d’Alexandrie. Dans une longue lettre envoyée à son frère, il raconte avec humour ses mésaventures. Ce document, dont on trouvera d’autres extraits plus loin, est à lire dans son intégralité tant il donne à comprendre ce que pouvait être un voyage maritime dans l’Antiquité.", et qui connaîtra un bien mauvais départ.

" Poursuivant le récit de son voyage, l’évêque Synésios fait passer le capitaine Amarantos pour un vantard et ses matelots pour des incompétents. Pourtant, tout marin lisant ces lignes comprendra qu’il agit avec beaucoup de discernement, rasant les dangers, changeant de cap, s’éloignant des côtes. Sur un long trajet à la voile il est en effet bien difficile, comme le demande naïvement Synésios, de se rendre directement d’un point à l’autre !" Décrivant là un équipage pittoresque

nous parlant d'" Amarantos, capitaine du navire où l’évêque Synésios et ses compagnons sont toujours aussi inquiets, ne semble pas très regardant sur le matériel de sécurité !" :un capitaine peu prévoyant

" Dans une courte lettre à son frère, l’évêque Synésios, affligé d’un esclave lamentable et ivrogne qu’il a renvoyé chez lui, donne quelques conseils pour que ce passager encombrant ne corrompe pas l’équipage du bateau qui le ramène." : Une canaille avinée.



En résumé, ouvrir cet ouvrage c'est l'assurance d'un beau voyage en méditerranée,

en des temps antiques mais pas si lointains que cela...

En des textes antiques d'une remarquable modernité...
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Sur la mer violette

Homère avait-il des hallucinations ? Dans l'Iliade comme dans l'Odyssée, la mer est violette, vineuse, ou pourpre. Homère, précurseur du dadaïsme, qui voit la terre "bleue comme une orange" ? Ou bien indifférenciation des couleurs par les penseurs grecs, comme le prétendait Nietzsche en 1881 :"leur œil était aveugle au bleu et au vert". "Dicitur Homerum caecum fuisse" : la cécité d'Homère ne serait donc pas que l'illustration mnémotechnique d'une règle de grammaire.

Pour Adeline Grand-Clément : "le grand large « couleur de vin », imprévisible, peut être mis en relation avec le culte de Dionysos et les déchaînements auxquels il donne lieu ; la mer « pourpre » offre un visage sombre, qui suggère le danger et le pouvoir de cet élément tout puissant".

Pour Jacqueline Goy, qui prend Homère au pied de la lettre, la couleur rouge porphyre - qui donne son nom à la Mer Rouge - est due au développements d'algues microscopiques (trychodesmium ereythraeum). Homère serait le premier océanographe !

L'amiral Yves Goupil, dans sa préface à l'ouvrage "Naviguer dans l'Antiquité", se souvient en Méditerranée d'un "bleu si intense, si sombre parfois, qu'on ressent bien ce que voulait dire Homère" (p. IX). On ne querellera donc pas l'aède sur la véracité de ses qualificatifs puisque sa force poétique s'impose à la littérature et aux navigateurs.

Sous le titre "Sur la mer violette", Claude Sintes, directeur du musée départemental Arles antique, livre une anthologie des textes de l'antiquité sur la navigation. On y trouve, depuis Homère - au VIIIe siècle avant notre ère - jusqu'à Claudien - au Ve siècle après notre ère - soit sur 13 siècles, un florilège de textes divers concernant le mer et les bateaux. C'est peu de dire que c'est un régal !

Une course à la rame, racontée par Virgile évoque un commentateur sportif, tel un Léon Zitrone de la grande époque des courses hippiques, commentant la compétition sur un rythme frénétique. Plus dure sera la chute du barreur, jeté à l'eau par le capitaine irascible. Palinure n'est donc pas le seul pilote à connaitre un sort injuste !

Lucain, relate une navigation aux étoiles pleine de poésie : la Petite et la Grande Ourse, double constellation de l'Arctos, sont le guide des vaisseaux.

Florus raconte, à la manière d'un journaliste politique, comment Pompée réussit à débarrasser la Méditerranée de ses pirates par une opération spectaculaire sur toutes les côtes. La promptitude de Napoléon et l'efficacité de Nelson réunies, avec en plus la clémence d'Auguste : au lieu de passer les vaincus au fil de l'épée, Pompée leur offre pour leur reconversion un lopin de terre... très loin de la mer !

Le recueil fourmille d'anecdotes révélatrices : en réalité les Grecs n'aiment pas la mer, dont ils craignent les colères. Leur terreur est moins de perdre la vie que d'être privé de sépulture, au risque de voir l'âme errer sans répis. On comprend mieux l'insistance de Palinure et d'Elpenor à disposer d'un tombeau. Au naufragé disparu, on érige donc un mausolée, espérant que son âme vagabonde finira par y trouver le repos. Mais sans conviction et quelquefois avec un humour grinçant. Ainsi cette épitaphe : " L'ile de Pelops, la mer difficile de Crète, le Malée escarpé et ses écueils aveugles m'ont fait périr moi, Astydamas, fils de Damis de Kydonia. Mais mon corps a déjà rempli le ventre des monstres de la mer, et c'est un tombeau menteur qu'on m'a élevé sur la terre. Qui d'étonnant, puisque les Crétois sont menteurset qu'il y a chez eux un tombeau de Zeus."

Un dictionnaire des divinité est accompagné de la liste des auteurs cités qui permet de mieux les situer, et l'on s'en veut d'avoir ignoré aussi longtemps Achille Tatius, Nonnos de Panopolis ou Sidoine Appolinaire.


Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Sur la mer violette

Excellente idée que cette anthologie. Cette promenade littéraire dans le territoire des écarts (merci Florence Dupont) donne à voir, à sentir, à fremir. Quand la mer n'était pas un espace de divertissement, ni même de loisir. Une autre appréhension de la dimension de l'homme.
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Sites et monuments antiques de l'Algérie

Né en 1954 à Sidi-Bel-Abbès, au nord-ouest d’une Algérie encore française à l’époque, Jean-Marie Blas de Roblès est un écrivain-voyageur érudit passionné d’archéologie. Créateur et directeur de la collection « Archéologies » chez Edisud, il nous livre ici, en collaboration avec Claude Sintès, un bel ouvrage de vulgarisation scientifique. Abondamment illustré de photographies, de cartes et de plans, cet ouvrage présente avec sérieux et clarté les vestiges majeurs de l’Algérie antique, ainsi que les œuvres d’art conservées dans les musées algériens. Un livre grand public agréable, où l’on prend plaisir à se documenter et, qui plus est, rare sur le sujet.
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