Claude d` Abzac-Epezy

Les livres sur la Seconde Guerre mondiale sont nombreux et divers.

Celui-ci est plutôt à classer dans les pratiques. Ceux qui en quelques lignes vous expliquent les enjeux sans pour autant s'étendre sur l'intégralité des dates et des événements. Il se lit bien et les cartes sont des atouts non négligeables.

Bien évidemment, pour approfondir sur ce sujet, un livre plus étoffé est nécessaire. Et ce n'est pas le choix qui manque...

Il s’agit d’un roman qui mêle polar et Histoire selon son auteur. Pour faire simple disons que c’est un polar historique qui se déroule au début d’octobre 1945. Le colonel Michel Alexandre Lanvaux est désespéré et sombre peu à peu dans l’alcoolisme car sa femme et sa fille ont été déportées en 1944 et ne sont toujours pas de retour. Il est né en Russie et ses parents ont ensuite émigré en Pologne avant d’être tués. Il était orphelin et a été recueilli par un militaire français. Il a aussi un nom russe et il est le protégé du Général de Gaulle. Il a fait une brillante carrière dans le renseignement militaire, mais depuis quelques mois il est à la dérive. Son supérieur le général Billon l’envoie en province pour une mission test, car il devrait partir en Russie au mois de novembre pour participer aux recherches sur les prisonniers détenus par les Russes. Seulement sa hiérarchie a des gros doutes sur sa capacité à surmonter ses problèmes familiaux et à reprendre du service.



Lanvaux part donc à Lignac avec ses deux adjoints, dont l’un est aussi chargé de le surveiller et de faire des rapports au général Billon sur son comportement. Les deux hommes, Tercier et Marchandeau ont un lien très fort avec leur chef et feront tout pour le protéger et l’aider à se remettre en selle. Ils doivent enquêter sur le meurtre étrange d’un tirailleur marocain, gardien d’un camp de prisonniers allemands. Au premier abord, sa mort paraissait naturelle, mais en fait il a été vidé de son sang sans que son uniforme ne soit taché.



Michel et ses hommes prennent leurs quartier dans le château du village, dont le propriétaire , le baron de Puybertier est commandant du camp de prisonniers. Au début de l’enquête, le colonel semble toujours en aussi mauvais état, mais en fait on se rendra compte à la fin, que comme le lieutenant Colombo, le colonel Lanvaux est beaucoup plus perspicace qu’il n’y paraît. Le lendemain de leur arrivée, un deuxième meurtre a lieu, cette fois c’est Denise, la compagne du jeune maire communiste qui est trouvée morte chez elle.



Au début, l’enquête semble piétiner, le colonel est toujours aussi débraillé, il boit le whisky offert par le baron, il abuse d’une jeune prisonnière allemande, tandis que ses adjoints récoltent des indices selon ses instructions et veillent sur lui, mais la suite du livre montrera que Lanvaux est un enquêteur redoutable.



Ce livre est encore plus intéressant par son contexte historique que par son intrigue. Claude d’Abzac est une spécialiste de la seconde guerre mondiale et à la fin elle détaille le contexte, expliquant que l’intrigue et les personnages relèvent de la fiction, tandis que le contexte est tout à fait historique. Bref c’est une histoire qui aurait pu se passer. Je connaissais peu l’histoire de l’immédiate après-guerre et j’ai trouvé ce livre vraiment passionnant de ce point de vue. Un an après la Libération, la fête est déjà loin, la population vit toujours aussi mal et la France est au bord de la guerre civile, partagée entre gaullistes et communistes. Ce roman restitue très bien ce que pouvait être la vie à ce moment dans un village ou une petite ville.



Au niveau de la forme, il est original, certains évènements étant relatés au lecteur sous forme de rapport d’état-major. C’est un excellent premier roman et on espère que le colonel Lanvaux fera un longue carrière dans le polar. D’ailleurs le deuxième volume de ses aventures vient de sortir en grand format. Un seul petit bémol, le début est un peu lent et ennuyeux, on a un peu de peine à entrer dans le vif du sujet.




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