La flagellation était l'un des dadas de Mme Sapho, qui ne concevait pas de couple de filles sans que l'une des deux fouettât l'autre. Aussi bien la vieille vendait-elle des martinets issus à la fois du XVIIIe siècle et du 18e arrondissement. Elle écoulait plus secrètement des olisbos que lui livrait sur commande un artiste famélique de la rue Saint-Eleuthère. Les objets, discrètement remis aux dames entre-présentées, trouvaient plus d'une preneuse. Pour augmenter son crédit elle affichait une compétence livresque, bien faite pour séduire en Émilienne un écrivain refoulé : à vrai dire, il s'agissait surtout de livres spéciaux, composant une curieuse "bibliothèque de prêt". Aux fins d'accroître, je pense, ce trésor littéraire, Mme Sapho suggéra à ma femme d'écrire des mémoires sentimentaux.