Nous avons tous effeuillé des pâquerettes. Un peu, beaucoup, passionnément... Mais comment effeuiller une Clémentine ? Sa peau humide et veloutée à la fois, douce et grumeleuse, fuit sous les doigts. Elle ne s'ouvrira dans un bruit délicat que si des mains douces et habiles font s'épanouir les pores moites qui dévoilent une chair tendre.
La première fois Arsène ôta un seul pétale.Il ne s'attendait pas à cette peau brune et lumineuse à la fois, à cette chaude texture embaumée. Ses lèvres perdues dans la chevelure bouclée revenaient sans cesse à des lèvres-fruits qui s'ouvraient sur des saveurs inconnues...
Attendre... Surtout attendre... Attendre encore que l'Autre se dévoile... Le duel s'éternise... La tête levée dans une oscillation horrible,la Vipère l'épie...Longtemps...
Ne pas bouger surtout !Un seul frémissement et c'est la fin. Il devient statue.
Les deux ennemis s'observent. Le temps s'allonge. La nature s'efface. Plus un bruit, pas un souffle, pas un chant, pas un chant... Le ruisseau se tait.
Tranquille, la Bête s'immobilise
Et bondit !