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Citation de noiraublanc


La rade d’Aix était calme en ce 11 août 1873.
La Virginie immobile et lascive.
L’aviso La Comète reprenait la mer pour Saint-Martin-de-Ré.

Victoire, accompagnée de sœur Marie de la Visitation et de sœur Célestin, attendait sur le pont de la frégate, le visage défait, les yeux brûlants de fièvre, la chair frémissante. Son arrivée à bord n’était pas passée inaperçue, tout en elle était parfait, l’allure, le maintien, un corps à damner, un visage d’ange auréolé de cheveux blonds, des yeux d’un bleu profond. Le commandant Launay s’était incliné devant elle avec admiration, célébrant ainsi sa beauté.
— Quel âge avez-vous, jolie demoiselle ? s’était-il écrié.
— Bientôt dix-sept ans, avait répondu Victoire avec grâce.
— Et qu’allez-vous chercher sur ces îles lointaines ?
— Mon amoureux, monsieur.
Elle avait rougi et précisé :
— Qui est aussi mon mari.
— Cet homme est bienheureux, avait-il ajouté sans sourire.
Il s’était alors tourné vers les sœurs de Saint-Joseph.
— Je dois, pour sa protection, encager cette enfant avec les condamnées, leur avait-il murmuré en aparté. Sa beauté est telle qu’elle provoquera autant de désirs que de jalousies. Notre voyage est long. Je ne veux pas de sottises.
Sœur Marie avait couvert Victoire de ses yeux transparents. Elle avait déjà choisi de la protéger. Sœur Célestin, ahurie, s’était tournée vers elle : la grosse sœur n’avait rien vu de cette beauté dont on lui parlait, et, suant sang et eau sous sa cornette, elle bougonna :
— La beauté est intérieure, mon fils.
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