J’arrivai à la maison, vive, la tête froide, déterminée à tous les envoyer se faire foutre, ce porc de Rosco, le brigadiste, la brigadiste… Et aussi ma mère avec ses yeux larmoyants, et Gisella qui me cherchait un mari, et aussi mon père qui pouvait éviter de se faire tuer, de toute façon il savait qu’après ce serait aux autres de s’occuper de lui, de se souvenir de lui, de le révérer même s’il n’était plus là, de parler de lui comme s’il était encore vivant, mais dix ans s’étaient presque écoulés, bon Dieu, presque dix ans à faire l’orpheline, et on a envie d’oublier, de parler d’autre chose, au contraire il faut endosser cette mémoire comme une robe qui, entre-temps, est devenue trop serrée et qui dégage des effluves de trucs mal digérés.