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Citation de leaurange


On entend souvent dire que, quand on se suicide, on ne se suicide pas, mais on est suicidé.e. Par la société, par la famille, par la violence et la haine qui enferment dans leurs rets, par la mort vécue au jour le jour. Geste commun à quelqu'une et ses mondes, le suicide est un milieu. On y succombe, proteste contre, se fait avaler tout à la fois. Mais je ne crois pas qu'on se suicide seulement, non plus qu'on est suicidé.e, triste débris de mondes qui ne se transforme pas. On suicide ses mondes, et les gens autour de soi. C'est une attaque, une blessure infligée, irrémédiable, une lame tranchante dans la chair vivante. C'est une image lacérée à même la chair, et voilà l'inimaginable précipité dans le présent. C'est affirmer sa capacité à faire mal, sans distinction entre soi et les autres. Et à avoir mal, sans distinction entre soi et les autres. Dire que, lorsque le bât blesse, ça fait souffrir tout le monde. Je me suicide, et en me suicidant je te suicide. Je brise tes défenses, et le chaos nous accueille. Pour rendre les honneurs aux suicidé.es,il est essentiel de ne pas neutraliser leur capacité à faire du mal, non plus que la nôtre. Dans le plus grand des calmes, l'image, vive, de ma tête se fracassant sur le mur, de mon œil enfoncé sur le coin du meuble, de mon corps torsadé par le feu. Pour rendre les honneurs aux suicidé.es, il est essentiel de ne pas neutraliser l'agression par laquelle on marque les mondes qui nous marquent au fer, par laquelle on ouvre la brèches qui mènent à d'autres mondes.

Et pourtant, toutes les explications que je déroule pour ne pas laisser en moi la brèche s'ouvrir jusqu'à m'avaler ne parviennent pas à sceller la question qui me taraude : toi, quelle agression ne t'a même pas laissé le désespoir comme option ?
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