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EAN : 9782492642098
104 pages
Blast (24/03/2023)
3.85/5   10 notes
Résumé :
Les gisantes questionne notre rapport à la mort et en particulier au suicide de celleux qui nous entourent. Si la mort ne signe pas la disparition des liens, comment ce qui nous relie continue d'émerger et d'impacter le vivant ? Comment mettre en forme l'inassimilable ? Le recueil trace les contours d'un entre-deux mondes et fait exister un espace qui n'est pas empli de la seule douleur. S'y déploie une pluralité de sens autour d'un personnage central qui meurt à ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
au commencement les femmes meurent
et les autres d'accepter l'inacceptable car la nuit et le temps oeuvre et la poussière sur les corps fragiles disloquées sans nom les femmes de sauter aux abords des falaises poing crispé sur le couteau qui saigne et la corde qui rompt craque les os résonne au fond du noyau la lave prête à laver les pêchés salés
Sept corps pour dire les douleurs
Sept pour renaître le nom des mortes au bout des dents
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On entend souvent dire que, quand on se suicide, on ne se suicide pas, mais on est suicidé.e. Par la société, par la famille, par la violence et la haine qui enferment dans leurs rets, par la mort vécue au jour le jour. Geste commun à quelqu'une et ses mondes, le suicide est un milieu. On y succombe, proteste contre, se fait avaler tout à la fois. Mais je ne crois pas qu'on se suicide seulement, non plus qu'on est suicidé.e, triste débris de mondes qui ne se transforme pas. On suicide ses mondes, et les gens autour de soi. C'est une attaque, une blessure infligée, irrémédiable, une lame tranchante dans la chair vivante. C'est une image lacérée à même la chair, et voilà l'inimaginable précipité dans le présent. C'est affirmer sa capacité à faire mal, sans distinction entre soi et les autres. Et à avoir mal, sans distinction entre soi et les autres. Dire que, lorsque le bât blesse, ça fait souffrir tout le monde. Je me suicide, et en me suicidant je te suicide. Je brise tes défenses, et le chaos nous accueille. Pour rendre les honneurs aux suicidé.es,il est essentiel de ne pas neutraliser leur capacité à faire du mal, non plus que la nôtre. Dans le plus grand des calmes, l'image, vive, de ma tête se fracassant sur le mur, de mon œil enfoncé sur le coin du meuble, de mon corps torsadé par le feu. Pour rendre les honneurs aux suicidé.es, il est essentiel de ne pas neutraliser l'agression par laquelle on marque les mondes qui nous marquent au fer, par laquelle on ouvre la brèches qui mènent à d'autres mondes.

Et pourtant, toutes les explications que je déroule pour ne pas laisser en moi la brèche s'ouvrir jusqu'à m'avaler ne parviennent pas à sceller la question qui me taraude : toi, quelle agression ne t'a même pas laissé le désespoir comme option ?
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                              Deuxième Mort
                              Hadewijch
extrait 3
  
  
  
  
Ce jour-là un œil, mon œil, tourna, et ne fut
plus jamais le même.
Il plonge
Et moi, plus je marche, plus mes membres
s’allongent.
Je ne me reconnais pas.
Je ne me ressens plus.
Ce jour-là, tombée des nues
Et jamais, jamais revenue.

Je vivais malheureuse d’intensités mal pla-
cées.
Je vis depuis d’errances
Non verrouillées.

Et tandis qu’on rugit toujours plus haut
pour le bâti
J’habite les gravats.
Dans les débris
J’ai encore cette orientation que le neuf
détruit.
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                              Deuxième Mort
                              Hadewijch
extrait 1
  
  
  
  
La deuxième fois que je suis morte
Morceau de glace décroché par le printemps
Je me jetai dans le vide.
La lumière se chargea de me noyer.



Je tombai morte ce jour-là sous le soleil qui
brûlait.
La ville où le soleil brûlait était morte déjà
Morte, et plusieurs fois.
Ça se voyait à la couleur des murs.
Les sons étaient sourds et les oiseaux,
maigrelets.
Tous les passants exorbités
Tout trop mûr, tout craquelé.
Des fissures suinte la chaleur
Suintent les raisonnements, et les bonnes volontés.
Les instants s’éternisent
Tels une table sans mise
Où tout a été balayé.

Je tombai morte ce jour-là sous le soleil qui
brûlait.
Ce jour-là, j’habitais les lieux en négation
des lieux
Et je souffrais
Brisée en deux
De devoir encore compter les heures.
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                              Deuxième Mort
                              Hadewijch
extrait 2
  
  
  
  
Féroce, mon cœur, je le connais bien.
Un bélier qui frappe dur aux portes de la
ville
Figeant dans leur fuite les chats au ras du sol
Ne serait pas plus déterminé
Que mon cœur
Mon cœur soudain.
Pourquoi s’arrêter à ce qui se doit de se
manifester ?
Pourquoi s’arrêter à l’image que la ville
donne de soi ?
C’est au-delà
Que le secret des mondes se trouve.

Il fallait briser les liens de pierre et de sang
Qui me rattachaient aux corps
Défoncer le décor
Ouvrir des espaces lisses, fluides, et puis-
sants.
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Les mortes en vibration
Dans les méandres de ton corps
Je voudrais que tu leur donnes un espace dans tes rythmes
Un geste dans tes mains.
Je voudrais que ton corps se transforme en lisière de la mort à la vie
Lisière partout
Ouverte sur l’infini.
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