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Citation de Cielvariable


Un quart de seconde, il jette un regard dans le jardin, en direction de l’appartement de Tori. Apparemment, il ne tient pas à ce que je sache à quoi il pense, parce que ce serait seulement prouver qu’il la voit toujours.

– Je peux te parler ? demande-t-il de cette voix peu assurée que je ne lui connais que trop.

– Si je te laisse entrer pour te dire que tout est fini entre nous, tu arrêteras de m’envoyer des textos ?

C’est à peine s’il remue la tête, mais je m’écarte pour qu’il entre dans le salon. Je me dirige vers la table de la salle à manger, lui présente une chaise, afin qu’il n’aille pas s’installer confortablement sur le canapé. Il va s’asseoir tout en examinant le décor qui nous entoure, cherchant visiblement à savoir qui vit ici avec moi.

Saisissant le dossier de la chaise, il la tire doucement, les yeux fixés sur les baskets de Ridge abandonnées à côté du canapé. Je suis ravie qu’il les ait remarquées.

– Tu vis ici, maintenant ? demande-t-il d’un ton sobre.

– Pour le moment, oui.

Je crois que je contrôle ma voix encore mieux que lui, et j’en suis fière, parce que je ne vais pas mentir en disant que ça ne me fait rien de le voir. Je lui ai donné deux années de ma vie, et tout ce que j’ai pu éprouver à son égard ne s’en ira pas d’un seul coup. C’est juste mêlé d’une sacrée masse de haine. Ça me fait drôle de le voir ainsi, parce que je n’aurais jamais cru pouvoir le détester. Je n’aurais pas cru non plus qu’il serait capable de me trahir comme il l’a fait.

– Tu crois que c’est prudent de t’installer ici avec un mec que tu connais à peine ?

Comme s’il avait le droit de porter un jugement sur la moindre partie de ma vie !

– Avec Tori, vous ne m’avez pas trop laissé le choix. Je me suis retrouvée cocue et SDF le jour de mon anniversaire. Tu pourrais au moins me féliciter de m’en être si bien tirée. Tu es vraiment mal placé pour me critiquer !

Il pousse un soupir, puis se penche sur la table et ferme les yeux en appuyant ses paumes sur son front.

– Sydney, s’il te plaît ! Je ne suis pas venu ici pour me battre, mais juste pour te dire que je suis désolé.

– Bon, tu es là, dis-je. Alors, vas-y. Dis-moi combien tu regrettes…

Je n’arrive plus à garder un ton sûr de moi. En fait, j’ai envie de me boxer tellement j’ai du mal à cacher ma tristesse, et c’est bien la dernière chose que j’aimerais lui avouer.

– Je suis désolé, Sydney, articule-t-il en vitesse. Vraiment désolé. Je sais que ça n’arrangera rien de te dire ça, mais ce qui se passait en Tori et moi, c’était pas pareil. On se connaît depuis des années, et même si ce n’est pas une excuse, notre relation restait purement sexuelle ; dès que tu es arrivée, ce que je vivais avec elle s’est complètement détaché de ce que je vivais avec toi. Je t’aime. Si tu veux bien m’accorder une nouvelle chance de faire mes preuves, je te jure que je n’adresserai plus jamais la parole à Tori.

Mon cœur bat aussi fort qu’au moment où j’ai découvert qu’ils couchaient ensemble. J’inspire de longues goulées d’air pour m’empêcher d’escalader la table et de le gifler, et je ferme les poings pour m’empêcher de sauter à son cou pour l’embrasser. Jamais je ne me remettrai avec lui, mais la tête me tourne trop fort en ce moment, à cause de tout ce que j’ai perdu… C’était simple et doux, et mon cœur ne m’avait alors jamais fait souffrir comme ces dernières semaines.

Mais ce qui me gêne le plus, c’est de ne pas éprouver autant de chagrin pour cette histoire qu’à cause de ce qui m’empêche de vivre avec Ridge.

En fin de compte, je suis plus bouleversée par l’arrivée de Ridge dans ma vie que par le départ de Hunter. C’est dingue, non ?

Sans me laisser le temps d’en tirer une conclusion, la porte de Ridge vient de s’ouvrir et il sort, en jean, torse nu. Je me crispe en constatant combien mon corps réagit à sa présence. En revanche, je m’amuse à l’idée qu’en se retournant, Hunter va le découvrir dans cette tenue.

Ridge vient de s’arrêter à quelques pas de la table et nous dévisage, l’un après l’autre, l’air inquiet, non sans une lueur de colère. Il me jette un regard mauvais et je sais aussitôt ce qui lui passe par la tête. Il se demande ce que Hunter fabrique ici. D’un hochement de tête, je lui fais signe que tout va bien puis détourne les yeux vers sa chambre pour lui faire comprendre qu’il faut nous laisser seuls pour le moment.

Ridge ne bouge pas. Il n’apprécie pas ce que je lui demande. Apparemment, il ne fait pas trop confiance à Hunter, sans doute parce qu’il ne pourrait m’entendre si j’avais besoin de son intervention. Quoi qu’il en soit, je viens de le mettre totalement mal à l’aise. Pourtant, il s’exécute, non sans un coup d’œil d’avertissement en direction de Hunter.

Celui-ci se retourne vers moi, mais il n’a plus du tout l’air de s’excuser.

– C’était quoi, ça ? demande-t-il d’un voix aigrie par la jalousie.

– C’était Ridge. Je crois que vous vous êtes déjà rencontrés.

– Et vous êtes… tous les deux… ?

Sans me laisser le temps de répondre, Ridge revient dans le salon, armé de son portable et se dirige droit vers le canapé. Il s’y laisse tomber sans quitter Hunter des yeux, ouvre l’ordi et pose les pieds sur la table basse.

Et moi je suis trop contente qu’il refuse de me laisser seule en tête à tête avec Hunter.

– Bien que ça ne te regarde pas, dis-je, non, on ne sort pas ensemble. Il a quelqu’un.

Le voilà qui pouffe de rire, je me demande bien pourquoi, et ça m’agace. Je m’adosse à ma chaise en croisant les bras.

Hunter se penche en avant et me regarde fixement.

– J’espère que tu saisis l’ironie de la situation, Sydney.

Je fais non de la tête. Je ne vois pas du tout de quoi il veut parler.

Cette fois, il éclate de rire.
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