Colleen McCullough

Extrait du discours de Vercingétorix à ses hommes avant de se rendre :

Tout est fini, dit-il d'une voix forte mais neutre. Il n'y aura pas de Gaule unie. Nous perdrons notre indépendance, les Romains seront nos maîtres, même si je ne crois pas qu'un adversaire aussi généreux que César nous fasse passer sous le joug. Je crois qu'il compte faire la paix avec nous plutôt que d'exterminer ceux qui restent. Une Gaule prospère sera plus utile aux Romains qu'un désert.
Son visage émacié demeurait impassible. Il reprit :
— Les Tuatha admirent ceux qui meurent sur le champ de bataille ; aucune mort n'est plus belle. Mais mettre fin à nos jours ne fait pas partie de nos traditions. On m'a dit qu'ailleurs, les défenseurs d'une citadelle vaincue préfèrent se tuer plutôt que d'être faits prisonniers. C'est ce que les Ciliciens ont fait face à Alexandre le Grand. Comme les Grecs d'Asie, ou les Italiques. Mais pas nous. La vie est une épreuve qu'il nous faut endurer jusqu'à ce qu'elle connaisse une fin naturelle, quelque forme qu'elle puisse prendre. Je vous demande à tous, je vous demande de le répéter à ceux qui ne sont pas ici, de consacrer toute votre énergie à refaire de la Gaule un grand pays que les Romains ne pourront mépriser. Vous devrez croître et multiplier, retrouver votre prospérité. Car un jour, un jour, la Gaule se dressera de nouveau ! Ce n'est pas un rêve futile ! Elle se dressera ! La Gaule doit endurer ses souffrances, car la Gaule est grande ! Au fil des générations soumises qui viendront après nous, chérissez cette idée, chérissez ce rêve, perpétuez la réalité de la Gaule ! Je disparaîtrai, mais souvenez-vous de moi ! Un jour la Gaule, ma Gaule, existera ! Un jour la Gaule sera libre !