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Citation de Woland


Woland
13 septembre 2016

[...] ... La jeune génération ignorait ce qui concernait nos princes [= les Bourbons de la branche aînée, à savoir Louis XVIII et le futur Charles X, ici désigné sous le nom de "Monsieur", titre que portait depuis des lustres le frère cadet du Roi]. Je me rappelle que l'un de mes cousins me demandait ce jours-là si le duc d'Angoulême était le fils de Louis XVIII et combien il avait d'enfants [= le duc d'Angoulême était le fils aîné de Monsieur et mourut sans descendance car il était vraisemblablement impuissant]. Mais chacun savait que Louis XVI, la Reine, Madame Elisabeth avaient péri sur l'échafaud. Pour tout le monde, Madame [= la fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, dite Madame Royale dans son enfance, devenue, par son mariage avec son cousin germain, fils du comte d'Artois, la duchesse d'Angoulême et, par conséquent, "Madame", belle-soeur du Roi en puissance, puis, un certain temps, la Dauphine] était l'orpheline du Temple et sur sa tête se réunissait l'intérêt acquis par de si affreuses catastrophes. Le sang répandu la baptisait fille du pays.

Il avait tant à réparer envers elle ! Mais il aurait fallu accueillir ces regrets avec bienveillance : Madame n'a pas su trouver cette nuance ; elle les imposait avec hauteur et n'en acceptait les témoignages qu'avec sécheresse. Madame, pleine de vertus, pleine de bonté, princesse française dans le cœur, a trouvé le secret de se faire croire méchante, cruelle et hostile à son pays. Les Français se sont crus détestés par elle et ont fini par la détester à leur tour. Elle ne le méritait pas et, certes, on n'y était pas disposé. C'est l'effet d'un fatal malentendu et d'une fausse fierté. Avec un petit grain d'esprit ajouté à sa noble nature, Madame aurait été l'idole du pays et le palladium de sa race.

Peu de jours après son entrée [= dans Paris], le Roi [= Louis XVIII] alla à l'Opéra. On donnait "Oedipe". Il [= le Roi]recommença ses pantomines vis à vis de Mme la duchesse d'Angoulême, non seulement à l'arrivée, mais aussi aux allusions fournies par le rôle d'Antigone. Tout cela avait un air de comédie et quoique le public cherchât le spectacle dans la loge plus que sur le théâtre, les démonstrations du Roi n'eurent pas de succès : elles semblaient trop affectées. La princesse ne s'y prêtait que le moins possible. Elle était, ce soir-là, mieux habillée et portait de beaux diamants. Elle fit ses révérences avec noblesse et de très bonne grâce ; elle paraissait à l'aise dans cette grande représentation comme si elle y avait vécu aussi bien qu'elle y était née. Enfin, sans être ni belle, ni jolie, elle avait très grand air et c'était une princesse que la France n'était pas embarrassée de présenter à l'Europe. Monsieur [= le comte d'Artois, futur Charles X] partageait son aisance et y joignait l'apparence de la joie et de la bonhomie. Pendant tous ces moments, il était le plus populaire de ces princes aux yeux du public. Les affaires initiées aux affaires le voyaient sous un autre aspect. ... [...]
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