AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Comtesse Adélaïde Charlotte Louise Éléonore de Boigne (27)


Lord Castlereagh, en entrant dans le cabinet de Georges IV, lui dit :
«Sire, je viens apprendre à Votre Majesté qu'Elle a perdu son plus mortel ennemi.
— Quoi, s'écria-t-il, est-il possible ! Elle est morte !»
Lord Castlereagh dut calmer la joie du monarque en lui expliquant qu'il ne s'agissait pas de la Reine, sa femme, mais de Bonaparte.
Commenter  J’apprécie          180
La duchesse de Duras, dont j’ai si souvent parlé, avait succombé à un état de souffrance qui l’avait longtemps fait qualifier de malade imaginaire et lassé surtout la patience de son mari. Il venait d’épouser en secondes noces une espèce de Suisso-Anglo-Portugaise, sortant de je ne sais où, qui avait acheté le titre de duchesse et le nom de Duras d’une assez grande fortune. Elle fournissait à son mari l’occasion de s’écrier naïvement, quelques semaines après son mariage : « Ah ! mon ami, tu ne peux pas comprendre le bonheur d’avoir plus d’esprit que sa femme ! » Il est certain que la première madame de Duras ne l’avait pas accoutumé à cette jouissance.
Commenter  J’apprécie          130
À dater de [la Restauration], les seigneurs de l'ancienne Cour n'ont plus été occupés que de leurs intérêts de fortune et d'avancement, que de faire dominer leurs prétentions sur celles des autres ; et ils ont été un des grands obstacles à la dynastie qu'ils voulaient consacrer.
N'établissons pas que ces sentiments soient exclusifs à cette classe ; ils appartiennent probablement à tous les hommes qui touchent au pouvoir. J'ai vu une seconde révolution faite par la bourgeoisie et, ainsi que dans celle dont le récit m'occupe en cet instant, dès le cinquième jour tous les sentiments généreux et patriotiques étaient absorbés par l'ambition et les intérêts personnels.
Commenter  J’apprécie          130
Madame Victoire avait fort peu d'esprit et une extrême bonté. C'est elle qui disait, les larmes aux yeux, dans un temps de disette où on parlait des souffrances des malheureux manquant de pain : « Mais, mon Dieu, s'ils pouvaient se résigner à manger de la croûte de pâté ! »
Commenter  J’apprécie          132
Au nombre de ces idéalistes, [Napoléon] rangeait monsieur de Chateaubriand. C'était une erreur. Monsieur de Chateaubriand n'a aucune faiblesse pour le genre humain ; il ne s'est jamais occupé que de lui-même et de se faire un piédestal d'où il puisse dominer son siècle. [...] Il y a réussit en ce sens qu'il s'est toujours fait une petite atmosphère à part dont il était le soleil. Dès qu'il en sort, il est saisi de l'air extérieur d'une façon si pénible qu'il devient d'une maussaderie insupportable ; mais, tant qu'il y reste plongé, on ne saurait être meilleur, plus aimable et distribuer ses rayons avec plus de grâce.
Commenter  J’apprécie          112
Monsieur de Lally a fait des requêtes, des mémoires, des discours, des tragédies, des satires, des panégyriques des morts, bien plus d'éloges des vivants. Je ne sais si rien de tout cela le mènera à la postérité. Ses contemporains l'ont appelé le plus gras des hommes sensibles, on aurait pu ajouter le plus plat des hommes bouffis. Peut-être cela tenait-il à l'affaiblissement de l'âge, mais je ne l'ai jamais vu que plein de ridicules et d'affectation, répandent des larmes à tout propos, pleurant sur l'enfance, pleurant sur les vieillards, pleurant pour la gloire, pleurant pour la défaite, pleurant de joie, pleurant de tristesse, enfin toujours pleurnichant.
Commenter  J’apprécie          101
[La scène se passe pendant la révolution de 1830]

J'allais chez madame de Rauzan. Sa belle-soeur, madame de La Bédoyère, y était au désespoir.[...] C'est la seule personne véritablement affligée que j'aie vue dans ce moment. J'exprimai devant elle l'espèce de sentiment d'enthousiasme pour ce peuple si grand, si brave, si magnanime, que j'avais conçu pendant ma promenade, et je lui fis horreur. Je la consolai un peu en parlant du danger, présumé de tout le monde, que nous courions d'être attaqués pendant la nuit.
Monsieur de Rauzan hocha la tête. À l'état-major, le même matin, il avait entendu le général Vincent répondre à monsieur de Polignac [président du Conseil des ministres], qui excitait à faire marcher des colonnes dans la ville comme la veille, que cent mille hommes ne seraient pas en possibilité de traverser Paris dans l'état de défense et d'exaltation où il se trouvait.
La pauvre madame de La Bédoyère fut obligé de se contenter de l'espoir, donné par un certain monsieur Denis Benoit, qu'on réussirait du moins à affamer la capitale. Cette pensée augmenta pourtant son très vif désir d'en sortir.
Commenter  J’apprécie          101
L'état de madame de Polastron, attaquée de la poitrine, empira. Elle se livra à toutes les fantaisies dispendieuses qui accompagnent cette maladie. Les revenus ne suffisant pas, monsieur du Theil, intendant de monsieur le comte d'Artois, inventa un façon d'augmenter les fonds. Il arrivait fréquemment des émissaires de France. On choisissait un des projets les plus spécieux ; on annonçait un mouvement prochain, en Vendée ou en Bretagne, à l'aide duquel on obtenait quelques milliers de livres sterling du gouvernement anglais. On en donnait deux ou trois cents à un pauvre diable qui allait se faire fusiller sur la côte, et les fantaisies de madame de Polastron dévoraient le reste.
Je ne sais pas si le prince entrait dans ces tripotages ; mais, du moins, il les tolérait et n'a pu les ignorer, car cette manœuvre s'étant répétée jusqu'à trois fois en peu de mois, monsieur Windham la découvrit et s'en expliqué vivement avec lui. C'est par monsieur Windham lui-même que j'en ai eu directement connaissance. Au reste, ce n'était pas un secret. Les émigrés, en Angleterre, s'étaient accoutumés à regarder l'argent anglais comme de légitime prise, par tous les moyens.
Commenter  J’apprécie          100
... monsieur de Maugiron n'était pas un mauvais officier ; son régiment était bien tenu, se conduisait toujours à merveille dans toutes les affaires, et ce bizarre colonel y était aimé et même considéré.
C'est à lui que sa femme, très spirituelle personne, écrivait cette fameuse lettre :
"Je vous écris parce que je ne sais que faire et je finis parce que je ne sais que dire.
Sassenage de Maugiron,
bien fâchée de l'être."
Commenter  J’apprécie          50
Monsieur de Chateaubriand se rêvait déjà un homme d'état; mais personne que lui ne s'en était encore avisé.
Commenter  J’apprécie          30
Lorsqu'en 1812 nous quittâmes Beauregard pour nous installer à Châtenay, monsieur et madame de Chateaubriand étaient établis à la Vallée-aux-Loups, à dix minutes de chez moi. L'habitation créée par lui était charmante et il l'aimait extrêmement. Nous voisinions beaucoup ; nous le trouvions souvent écrivant sur le coin d'une table du salon avec une plume à moitié écrasée, entrant difficilement dans le goulot d'une mauvaise fiole qui contenait son encre. Il faisait un cri de joie en nous voyant passer devant sa fenêtre, fourrait ses papiers sous le coussin d'une vieille bergère qui lui servait de portefeuille et de secrétaire et, d'un bond, arrivait au-devant de nous avec la gaieté d'un écolier émancipé de classe.
Commenter  J’apprécie          30
(Madame de Staël) n'avait pas d'établissement pour écrire ; une petite écritoire de maroquin vert, qu'elle mettait sur ses genoux et qu'elle promenait de chambre en chambre, contenait à la fois ses ouvrages et sa correspondance. Souvent même celle-ci se faisait entourée de plusieurs personnes ; en un mot, la seule chose qu'elle redoutât c'était la solitude, et le fléau de sa vie a été l'ennui.
Commenter  J’apprécie          30
Comtesse Adélaïde Charlotte Louise Éléonore de Boigne
En revenant par le Northumberland, nous nous arrêtâmes à Alnwick, cette habitation des ducs de Northumberland si belle et si historique. Ils ont eu le bon goût de la conserver telle qu'elle était, ce qui n'en fait pas une résidence très commode par la distribution, malgré le luxe de chaque pièce en particulier. Autrefois, les ducs de Northumberland sonnaient une grosse cloche pour avertir qu'ils étaient à Alnwick et que leur "hall" était ouvert aux convives qui pouvaient prétendre à s'asseoir à leur table. Cette forme d'invitation a été remplacée par d'autres habitudes. Cependant la cloche est encore sonnée une fois par an, le lendemain de l'arrivée du duc à Alnwick, et tel est le respect des anglais pour les anciens usages que tous les voisins à dix milles à la ronde ne manquent pas de se rendre à cette invitation qu'on n'appuie d'aucune autre. Malgré l'égalité que professe la loi anglaise, c'est le pays du monde où l'on se prête le plus volontiers au maintien des coutumes féodales.
Commenter  J’apprécie          30
Parmi les étiquettes, il y en avait une avec laquelle mon père n'a jamais pu se réconcilier et que je lui ai entendu souvent raconter, c'était la manière dont on était invité à ce qu'on appelait le "souper dans les cabinets". Ces soupers se composaient de la famille royale et d'une trentaine de personnes priées. Ils se donnaient dans l'intérieur du Roi, dans des appartements si peu vastes qu'on couvrait le billard de planches pour y poser le buffet, et que le Roi était forcé de hâter sa partie pour faire place au service.
Les femmes étaient averties le matin ou la veille ; ... Après le spectacle, elles suivaient le Roi et la famille royale dans les cabinets.
Pour les hommes, leur sort était moins doux. Il y avait deux banquettes vis-à-vis des femmes invitées. Les courtisans qui aspiraient à être priés s'y plaçaient. Pendant le spectacle, le Roi, qui était seul dans sa loge, dirigeait une grosse lorgnette d'opéra sur ces bancs, et on le voyait écrire au crayon un certain nombre de noms. Les seigneurs qui avaient occupé ces banquettes (cela s'appelait se présenter pour les cabinets) se réunissaient dans une salle qui précédait les cabinets. Bientôt après, un huissier, un bougeoir à la main et tenant le papier écrit par le Roi, entr'ouvrait la porte et proclamait un nom ; l'heureux élu faisait la révérence aux autres, on en appelait un autre et ainsi de suite jusqu'à ce que la liste fut épuisée. Cette fois, l'huissier repoussait la porte avec une violence d'étiquette. A ce bruit, chacun savait que ses espérances étaient trompées et s'en allait toujours un peu honteux, quoiqu'on sût bien d'avance qu'il y aurait bien plus de candidats que d'appelés.
Commenter  J’apprécie          20

[...] ... La jeune génération ignorait ce qui concernait nos princes [= les Bourbons de la branche aînée, à savoir Louis XVIII et le futur Charles X, ici désigné sous le nom de "Monsieur", titre que portait depuis des lustres le frère cadet du Roi]. Je me rappelle que l'un de mes cousins me demandait ce jours-là si le duc d'Angoulême était le fils de Louis XVIII et combien il avait d'enfants [= le duc d'Angoulême était le fils aîné de Monsieur et mourut sans descendance car il était vraisemblablement impuissant]. Mais chacun savait que Louis XVI, la Reine, Madame Elisabeth avaient péri sur l'échafaud. Pour tout le monde, Madame [= la fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, dite Madame Royale dans son enfance, devenue, par son mariage avec son cousin germain, fils du comte d'Artois, la duchesse d'Angoulême et, par conséquent, "Madame", belle-soeur du Roi en puissance, puis, un certain temps, la Dauphine] était l'orpheline du Temple et sur sa tête se réunissait l'intérêt acquis par de si affreuses catastrophes. Le sang répandu la baptisait fille du pays.

Il avait tant à réparer envers elle ! Mais il aurait fallu accueillir ces regrets avec bienveillance : Madame n'a pas su trouver cette nuance ; elle les imposait avec hauteur et n'en acceptait les témoignages qu'avec sécheresse. Madame, pleine de vertus, pleine de bonté, princesse française dans le cœur, a trouvé le secret de se faire croire méchante, cruelle et hostile à son pays. Les Français se sont crus détestés par elle et ont fini par la détester à leur tour. Elle ne le méritait pas et, certes, on n'y était pas disposé. C'est l'effet d'un fatal malentendu et d'une fausse fierté. Avec un petit grain d'esprit ajouté à sa noble nature, Madame aurait été l'idole du pays et le palladium de sa race.

Peu de jours après son entrée [= dans Paris], le Roi [= Louis XVIII] alla à l'Opéra. On donnait "Oedipe". Il [= le Roi]recommença ses pantomines vis à vis de Mme la duchesse d'Angoulême, non seulement à l'arrivée, mais aussi aux allusions fournies par le rôle d'Antigone. Tout cela avait un air de comédie et quoique le public cherchât le spectacle dans la loge plus que sur le théâtre, les démonstrations du Roi n'eurent pas de succès : elles semblaient trop affectées. La princesse ne s'y prêtait que le moins possible. Elle était, ce soir-là, mieux habillée et portait de beaux diamants. Elle fit ses révérences avec noblesse et de très bonne grâce ; elle paraissait à l'aise dans cette grande représentation comme si elle y avait vécu aussi bien qu'elle y était née. Enfin, sans être ni belle, ni jolie, elle avait très grand air et c'était une princesse que la France n'était pas embarrassée de présenter à l'Europe. Monsieur [= le comte d'Artois, futur Charles X] partageait son aisance et y joignait l'apparence de la joie et de la bonhomie. Pendant tous ces moments, il était le plus populaire de ces princes aux yeux du public. Les affaires initiées aux affaires le voyaient sous un autre aspect. ... [...]
Commenter  J’apprécie          20
J'ai remarqué ,pendant ces jours d'effroi,combien on parlait du choléra avec les ménagements respectueux qu'inspire toujours une puissance dont on a peur
Commenter  J’apprécie          10
Tout le monde sait les rapports qui ont longtemps existé entre madame de Staël et Benjamin Constant. Madame de Staël conservait le goût le plus vif pour son esprit, mais elle en avait d'autres passagers qui dominaient fréquemment celui-là. Dans ces occasions, Benjamin voulait se brouiller ; alors elle se rattachait à lui plus fortement que jamais et, après des scènes affreuses, ils se raccommodaient.
C'était pour peindre cette situation qu'il disait qu'il était fatigué d'être "toujours nécessaire" et "jamais suffisant". Il avait conservé longtemps l'espoir d'épouser madame de Staël. Sa vanité et son intérêt l'y portaient autant que son sentiment, mais elle s'y refusait obstinément. Elle prétendait le retenir à son char, et non s'atteler à celui de Benjamin. D'ailleurs, elle tenait beaucoup trop aux distinctions sociales pour échanger le nom de Staël-Holstein pour celui de Constant. Jamais personne n'a été plus esclave de toutes les plus puériles idées aristocratiques que la très libérale madame de Staël.
Commenter  J’apprécie          10
Mon frère me fit arranger une petite charrette couverte ; on me procura à grand'peine et à grands frais , malgré la misère, un homme pour mener le cheval jusqu'à la lame et deux femmes pour entrer dans la mer avec moi. Ces préparatifs excitèrent la surprise et la curiosité à tel point que, lors de mes premiers bains, il y avait foule sur la grève. On demandait à mes gens si j'avais été mordue par un chien enragé. J'excitais une extrême pitié en passant ; il semblait qu'on me menait noyer. (...)
On ne conçoit pas que des habitants des bords de la mer en eussent une telle terreur. Mais alors les dieppois n'étaient occupés qu'à en cacher la vue, à se mettre à l'abri des inconvénients qu'ils en redoutaient, et elle n'était pour eux qu'une occasion de souffrance et de contrariété.
Commenter  J’apprécie          10
1806
Depuis vingt-cinq ans, ma voiture était la seule qui fut entrée à Dieppe ; nous y fîmes un effet prodigieux. Chaque fois que nous sortions il y avait foule pour nous voir passer, et mes équipages surtout étaient examinés avec une curiosité inconcevable. La misère des habitants était affreuse. L'"anglais", comme ils l'appelaient, et pour eux c'était pire que le diable, croisait sans cesse devant leur port vide. A peine si un bateau pouvait de temps en temps s'esquiver pour aller à la pêche, toujours au risque d'être pris par l'étranger ou confisqué au retour si les lunettes des vigies l'avaient aperçu s'approchant d'un bâtiment.
Commenter  J’apprécie          10
L'attrait de madame Récamier pour les notabilités a commencé sa liaison avec monsieur de Chateaubriand. Depuis quinze ans, elle lui a dévoué sa vie. Il le mérite par la grâce de ses procédés ; le mérite-t-il par la profondeur de son sentiment ? c'est ce que je n'oserais affirmer. Toujours est-il qu'elle lui est aussi agréable qu'utile, que toutes ses facultés sont employées à adoucir les violences de son amour-propre, à calmer les amertumes de son caractère, à chercher pâture à sa vanité et distraction à son ennui. Je crois qu'il l'aime autant qu'il peut aimer quelque chose, car elle cherche à se faire "lui" autant qu'il est possible.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Auteurs proches de Comtesse Adélaïde Charlotte Louise Éléonore de Boigne
Lecteurs de Comtesse Adélaïde Charlotte Louise Éléonore de Boigne (42)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Petit Prince

Que demande le petit prince?

un dessin
un livre
une feuille
un stylo

10 questions
282 lecteurs ont répondu
Thème : Le Petit Prince de Antoine de Saint-ExupéryCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..