Comtesse Ida de Hahn-Hahn

Faustine est belle, intelligente, mais surtout Faustine est veuve. Debarassée d'un mari qui lui avait été imposé très jeune à la sortie du couvent par une tante la voyant comme une rivale, Faustine n'a aucune intention de laisser autrui lui dicter la façon dont elle doit mener sa vie, et encore moins le jeune Clément, beau-frère de sa soeur, qui pense que puisse que lui l'aime, elle se doit de le payer de retour.

Quelle est la place de la femme dans une société où ses parents puis son mari estiment normal de prendre les décisions à sa place, une société qui estime que le mariage et la maternité sont des finalités ? Non pas que Faustine les rejette: elle rejette leurs impositions à des jeunes filles à peine sorties de l'enfance et incapables de prendre la décision en leur âme et conscience.

Un classique de la littérature allemande de son époque, et encore actuel!

Eudoxia a à la fois beaucoup et peu vieilli! Je m'explique: il s'agit d'un roman historique portant sur la lutte d'influence entre Eudoxia, impératrice romaine d'Orient, et le patriarche de Constantinople, resté célèbre dans l'histoire sous le nom de Chrysostome, c'est à dire Bouche d'Or, pour son éloquence. La chute de l'histoire est évidemment déjà connue, l'impératrice l'emporte, fait exiler le prêtre et épurer l'antique Église de tous ceux qui estiment qu'admirer la personne impériale ne fait pas très chrétien.

Il y a donc une tension qui monte dans ce livre, assez réussie, le lecteur sait que le drame va advenir et l'attend en se rongeant les ongles à chaque retournement de situation ! C'est sûr que de nos jours, un auteur moderne appuierait peut-être moins sur le coté religieux mais j'ai tout de même été étonnée de la nuance qu'on y trouve. Eudoxia a énormément de qualités, le drame dans le livre est moins qu'elle exile le patriarche mais qu'après avoir hésité entre ses bons et ses mauvais démons, représentés par différentes personnes de son entourage, elle succombe finalement.

Il y a un côté très féministe qui m'a aussi surprise, avec Eugenius dont Ida Von Hahn-Hahn dénonce le comportement auprès de la jeune Gunhilde, cette façon qu'il a de penser qu'elle lui doit son amour, juste parce qu'il est fou d'elle . Et la multiplicité des personnages féminins aussi, tous différents, tous très humains, quelques chose que les auteurs masculins de l'époque d'Idées Von Hahn-hahn estimaient apparemment impossibles .

Une très bonne découverte.