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Citation de AliceW


La rue Joaquin Costa dans le quartier du Raval à Barcelone est un territoire de Philippins, de Pakistanais, de quelques Marocains et d’une horde de pouilleux qui tiennent à peine debout. Deux ou trois bars à cocktails égarés attirent à la tombée du jour quelques jeunes modernes et une poignée d’aspirants à la condition d’intellectuel tatoué, sans changer d’un iota la nature de l’étroit passage sale. Si on y prête attention, on peut observer sur les petits balcons des fillettes en culotte en train d’attendre que leur mère obtienne du client une éjaculation rapide. S’il y avait des assassinats en ville, ils pourraient facilement se produire dans cette rue et ses environs. Mais il n’y a pas d’assassinats, et sur les trottoirs s’entassent des ordures, des ivrognes, des vendeurs ambulants, de jeunes dealers de méthamphétamine orientale, de la graisse de kebab, quelques tomates écrasées en décomposition, et des étudiants.
La calle del Leon, la rue du Lion, est sa parallèle, plus sombre, moins évidente et peu plus propre que Joaquin Costa. Elles sont reliées par deux autres rues, Paloma, la Colombe, et Tigre : un zoo pour lequel la détective Victoria Gonzales ressentait la même fascination que quand, dix ans plus tôt, elle avait décidé d’ouvrir à cet endroit un cabinet de détective privée, façon de s’inventer un personnage qui tempère ses addictions.
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