Dale Brown (II)

C'est au Prado -le célèbre musée de Madrid- que je succombai pour la première fois au charme de Vélasquez. Dans une vaste salle trône, majestueux dans sa solitude, le tableau des Ménines.La lumière diffuse qui règne en cet endroit semble le reflet de la douce lumière verte du tableau, et les murs de la salle sont du même gris fondu que ceux de l'atelier de Vélasquez. Le décor vous invite à pénétrer spontanément dans l'univers du tableau. Dans cet espace serein, un roi et une reine posent pour leur portrait. Mais quel étrange portrait Vélasquez nous donne d'eux : le couple royal est vu par réflexion dans un miroir éloigné, tandis qu'une fillette rayonnante, petite princesse jusqu'au bout des ongles, et un groupe de personnages secondaires, dont deux nains, occupent le premier plan. Un silence s'est abattu sur la salle. A droite, un chien à la fourrure ondoyante somnole béatement. Seul l'enfant nain qui l'agace du pied risque de troubler cette profonde quiétude. La jeune princesse, l'air résolu, regarde droit devant elle. Une des demoiselles d'honneur esquisse une révérence. L'artiste s'est éloigné der sa toile. Tout mouvement semble suspendu, de même que le temps.