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Citation de NatashaSweeden


Eté 1982, une fin d'après-midi. Le lieu-dit est désert, les voisins ne sont pas encore revenus de vacances. La route a été longue et inconfortable, nous nous réjouissons d'être enfin arrivés. Un soleil aveuglant aplanit les reliefs et scanne le paysage. Pendant que la voiture stationne devant le garage, mon frère et moi profitons de la lente progression du volet pour nous éjecter de la carapace d'acier. Peut-être pour m'abrutir de cette chaleur, ou pour la ressentir différemment, je vais m'asseoir sur une des balançoires du portique toujours là malgré notre age, pour « les enfants d'amis » (ma mère). Assis sur le plateau de bois, le corps alangui retenu par les cordes, je pivote doucement autour de l'axe que font la pointe de mes chaussures avec le sol.
Je me faisais une joie de quitter cette voiture, de rompre l'immobilisme contraint. Maintenant la tôle du capot doit émettre son cliquetis métallique dans le silence du garage. Soulagé de m'évader de l'atmosphère confinée, je suis désormais au milieu d'un desert où rien ne surgit. Pas une idée, pas une envie. Je ne m'abandonne pas à une douce quiétude, ne sait me satisfaire du point de vue sur les horizons valonnés qui s'étendent à l'infini. En même temps je ne me sens pas déprimé, ni triste soudainement. La réalité est bien plus effrayante. Je fais corps avec les éléments qui m'entourent.
Avec le recul, je pourrais me dire que c'était finalement agréable, cette conscience de l'inerte, cette latence diffuse. Cependant, j'ai le sentiment précis que ce vide est là pour toujours, que rien ne justifie ma conscience humaine et que je vais devoir m'inventer des histoires si je veux effleurer le réel.
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