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Citation de MelleFifi


Les derniers paysans à se cacher dans des trous, à se « mucher », quittèrent leurs souterrains, car la moindre brise portait sur la campagne désolée les ahans du Grand Ferré. Une telle peine invitait à l’aider, un tel effort ! On attendait Longueil un nouvel assaut des troupes que le château fort de Creil vomissait avec régularité. On avait beau en tuer. Il en venait toujours. Mouron le Bossu recomptait pas plaisir les bâtons sur son registre, un cimetière d’anglais. Ah, Londres retient prisonnier notre bon roi Jean ! Ah, le pauvre dauphin Charles ne sait où poser le pied sur le sol qu’il régente vaille que vaille ! Chausse-trapes, et crocs-en-jambes, l’occupant frappe de plaisir sa panse pleine de harengs ! Vous paierez, messieurs les Anglais ! De plus en plus cher. Même s’il faut nous battre un siècle ! Nous les vilains, les sans-terre ! C’était une prémonition : il faudrait attendre un siècle en effet pour que naisse la bergère de Domrèmy. Mouron le Bossu assis dans la chapelle de l’Apocalypse nota l’arrivée de deux nouveaux Jacques, si faibles qu’ils auraient pu rester dans leurs caches à grignoter des racines. Colard Sade allait les renvoyer, si le Grand ferré n’avait fait remarquer que deux bouches de plus à nourrir pouvaient aussi crier et qu’il avait besoin de leur encouragement dans sa boucherie. Oui, il l’avouait, lui que chacun pensait d’un roc sans faille. Toute rencontre avec un corps de Navarrais, une escouade de godons, lui faisait perdre un poids que chacun se plaisait à contrôler par le nombre de litres d’eau que le géant entonnait pour se rétablir.
(Extrait de la nouvelle : Le Grand Ferré, p. 48-49)
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