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EAN : 9782070285228
288 pages
Gallimard (05/10/1973)
3.58/5   13 notes
Résumé :
Vingt-sept nouvelles de Daniel Boulanger. Rapides et brèves esquisses comme le premier texte, Fouette, cocher !, qui donne son titre alerte et cinglant au recueil... Des personnages humbles, provinciaux dont le destin semble anodin, sont campés en quelques pages. Ils ont presque tous une vie cachée et, à leur suite, le lecteur chavire dans leurs rêves, leurs fantasmes, dans l'au-delà. On trouve un cocher de fiacre, un notaire, un camarade de guerre, une cartomancie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je retrouve avec plaisir l'auteur de Jules Bouc dans trois fois neufs histoires comme autant de chroniques intimes et presque patinées!
Tant de tranches de vie joliment contées, qui font de Daniel Boulanger, à mes yeux, un digne successeur moderne de certain Maupassant.
Boulanger emmène faire un tour dans d'étranges détours de l'âme, souvent au fond de ces provinces dans ces villes douillettes et bourgeoises... Dans ces inassouvissement qui étouffent, ces secrets parfois touchants, ces libérations comme des moments inestimables.
Toujours, pour moi, cette nostalgie d'un révolu que je n'ai pas vécu...
Le voilà, l'art mesuré du conteur!
Et Fouette, cocher! mérite vraiment, mais alors vraiment la visite de ses vingt-sept pièces dans l'ordre ou le désordre, qu'importe.
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27 nouvelles. Rapides et brèves esquisses ou histoires d'une dizaine de pages. Aventures amusantes, vaudevillesques, ou graves, singulières et troubles. Des personnages humbles, provinciaux dont le destin semble anodin mais qui ont presque tous une vie cachée. le lecteur chavire dans leurs rêves, leurs fantasmes, dans l'au-delà. le suicide, le meurtre et la folie s'y donnent rendez-vous.

Daniel Boulanger, par la grâce d'un style éblouissant, campe leur vie en quelques pages. Un homme enmène sa femme dans un club d'échangistes, un invalide de guerre devient truand, les amours d'un pharmacien, les distractions insoupconnables d'un PGD, un notaire peu scrupuleux en peinture, une vielle femme fait de la lévitation, un homme qui procure des amants à sa femme.

Fait rare, Daniel Boulanger fait une incursion dans la nouvelle historique, à l'image de Paul Morand, le Grand Ferré qui conte la vie et la mort héroique d'un bucheron en lutte contre les anglais au XIV ième siècle.

Couronné par le prix du Goncourt de la Nouvelle, Fouette Cocher ! est un des recueils les plus célèbres de Daniel Boulanger. A juste titre, son talent magnifie chaque page d'un éclat exceptionnel et sous sa plume, la réalité devient aussi fascinante qu'envoûtante.

http://www.danielboulanger.pagesperso.orange.fr
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les derniers paysans à se cacher dans des trous, à se « mucher », quittèrent leurs souterrains, car la moindre brise portait sur la campagne désolée les ahans du Grand Ferré. Une telle peine invitait à l’aider, un tel effort ! On attendait Longueil un nouvel assaut des troupes que le château fort de Creil vomissait avec régularité. On avait beau en tuer. Il en venait toujours. Mouron le Bossu recomptait pas plaisir les bâtons sur son registre, un cimetière d’anglais. Ah, Londres retient prisonnier notre bon roi Jean ! Ah, le pauvre dauphin Charles ne sait où poser le pied sur le sol qu’il régente vaille que vaille ! Chausse-trapes, et crocs-en-jambes, l’occupant frappe de plaisir sa panse pleine de harengs ! Vous paierez, messieurs les Anglais ! De plus en plus cher. Même s’il faut nous battre un siècle ! Nous les vilains, les sans-terre ! C’était une prémonition : il faudrait attendre un siècle en effet pour que naisse la bergère de Domrèmy. Mouron le Bossu assis dans la chapelle de l’Apocalypse nota l’arrivée de deux nouveaux Jacques, si faibles qu’ils auraient pu rester dans leurs caches à grignoter des racines. Colard Sade allait les renvoyer, si le Grand ferré n’avait fait remarquer que deux bouches de plus à nourrir pouvaient aussi crier et qu’il avait besoin de leur encouragement dans sa boucherie. Oui, il l’avouait, lui que chacun pensait d’un roc sans faille. Toute rencontre avec un corps de Navarrais, une escouade de godons, lui faisait perdre un poids que chacun se plaisait à contrôler par le nombre de litres d’eau que le géant entonnait pour se rétablir.
(Extrait de la nouvelle : Le Grand Ferré, p. 48-49)
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- Aristide ? Les impôts me dessèchent. Je n'ai pas de maison. D'autres vivent dedans. Je vais les regarder. J'en perdrai la raison.
L'avenue bordée de hêtres descendait vers la mer et le cocher chantait à tue-tête, si gai, des paroles si tristes que le cheval allait en zigzag, incommodé par cet inhabituel charivari.
A l'ordinaire, Émile Gaudens qui le menait sans lui tirer la bouche gardait le silence et paraissait penser, et il arrivait qu'il pensât...
(extrait de "Fouette, cocher !" nouvelle extraite du recueil éponyme paru chez "Gallimard" en 1979)
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Celle-là, Maurice Forge la surnommait Félone. C'était une blonde qui le désennuyait quelquefois et l'ennuyait beaucoup, mais il en avait pris l 'habitude.
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Emile n’avait aucun sens religieux ; la vie et la mort ressemblaient pour lui aux deux tronçons d’un ver que la bêche coupe, l’un reste au-dessus, l’autre rentre sous terre. Il demeurait parfois des heures sur son siège, à la promenade du front de mer, près de la gare où les trains quittent le jour, passent sous une verrière et rentrent dans la nuit des bateaux, au pied des statues, Place des Corsaires, où les pigeons nichent dans les plumes en bronze des tricornes et symbolisent à chaque envol les victoires des marins qui les accueillent bottés, dardant leur sabre, le genou ployé pour l’assaut, verdis par les pluies et montrant dans leur position triangulaire, chacun pointant vers un centre idéal de leur face à face, que la guerre est un jeu fameux, qui peut se continuer à trois amis, concitoyens, rivaux d’égale gloire, sur un étroit terre-plein de pavés, après en avoir décousu au milieu des vagues sans limite. Émile Gaudens regardait sans amertume les voyageurs s’engouffrer dans les taxis, les estivants s’entasser dans leurs automobiles, il y avait toujours quelqu’un pour lui demander une course nonchalante dont il débattait le prix avant d’ôter le sac d’avoine du cou de sa bête et de saisir les rênes. Parfois âpre, parfois large au point de n’accepter que ce que l’on jugeait bon de lui offrir, il n’avait pas de barême, étant sans concurrence, et la visite au contrôleur des Finances pour décider du montant de ses impôts restait pour lui comme un dimanche dans la vie, mais fatal. Il s’habillait pour se rendre auprès du fonctionnaire d’un costume ancien, toujours neuf, mais qu’il ne pouvait fermer, ayant grossi, et couvrait sa tête massive et rouge d’un chapeau melon de la couleur des tourterelles. Sans ruse et sans se plaindre il fraudait avec naturel et ne parlait que de son cheval, sorte de mythe qui avait eu plusieurs noms et deux sexes au cours des âges et qui s’était appelé Face à l’Est, Mandrin, Coquette, aujourd’hui Aristide.
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Ils se marièrent dans une galimafrée d’oignons, au branle de tambourins improvisés, dans un grand concours de peuple qui fumait de l’armoise dans des pipes en terre. Les cloches de Longueil ne cessèrent pas de sonner, ce jour-là, d’une gaieté qu’on ne leur connaissait plus depuis la déroute de Poitiers. Cette fête fut le dernier oubli. La nuit de noces n’entendit pas les contes, ainsi qu’on en avait coutume, mais chacun de se terrer, après cette flambée, comme après un vol.
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