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Citation de brigetoun


nos pères, nos mères, ce qui est finalement la même chose, nous avaient envoyés à la corvée, nous y avaient envoyés à grand coups de pieds au cul, à grandes gifles, parce que nous renâclions, résistions, ne voulions pas, encore une fois, aller nous perdre dans ces lieux-là, dans ces bois-là, tout embrumés, de crainte de n'en revenir pas, d'y demeurer éternellement perdus, asphyxiés, essoufflés, tournant, geignant, nous étouffant de notre morve, de nos peurs, de nos hurlements, jusqu'à ce que la fatigue vienne nous couper jambes et souffles et nous abandonne au pied d'une souche un peu moins fétide que les autres, un peu plus solide, qui nous donnerait impression d'être plus sûre, plus protectrice, contre laquelle nous finirions par nous endormir du lourd sommeil des enfants que nous étions toujours, encore, bien que les années, le temps et son cortège, se soient acharnés sur nous, sur nos corps, sur nos âmes, jusqu'à en faire de laides et viles choses tordues, torturées, et lasses, tellement lasses, qu'il arrivait souvent que nous nous posions là, aux lèvres des fossés, en espérant y crever tout d'un coup, d'un seul coup, dans la froide et humide couverture de la nuit
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