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Citation de ChouettedeMinerve


Mais l'Anjou, pour moi, c'était surtout la Loire.
La Loire me fascinait par son mélange de douceur et de force, et, rien qu'à la regarder, quelque chose m'appelait.
Le vent de la mer était sur la Loire à chaque instant.
C'était lui qui installait au-dessus du fleuve ces ciels d'une limpidité admirable que j'ai retrouvés, plus tard, en Toscane, et surtout en Ombrie.
Les ciels de Loire restent bleus, même la nuit. Les orages fréquents les laissaient extraordinairement purs, lavés de rose et de blanc comme la corolle des volubilis.
Une douceur emplissait le monde comme si elle avait été le suc même du pays, comme si elle fluait de chaque atome du paysage, des coteaux où le raisin mûrit sur les escaliers crayeux, des grèves de sable rose, des touffes de saules, des prairies, des maisons blanches à toit d'ardoise qui ont toutes leur cave dans la falaise contre quoi elles s'accotent.
Je regardais la Loire.
Elle coulait tranquillement dans sa vallée blonde, charriant du sable, roulant des feuilles de saule et de peuplier, et s'égarant parfois pour dormir dans les « boires », les lagunes installées le long de ses berges par les inondations.
Elle reflétait les vignobles penchés, les caravanes de nuages et le vol indolent des oiseaux.
Le monde autour du fleuve avait un goût tranquille de potagers et de vergers, d'espaliers, de treilles et de roses trémières.
Un pêcheur dans un petit canot goudronné allait relever ses verveux près d'un ponton de bois pourri.
Il y avait un champ de citrouilles dans une île enveloppée de saules.
Au fond d'un pré tout dénivelé sur lequel la Loire, chaque hiver, promène ses tourbillons, on avait installé de minuscules chénevières.
Je regardais la Loire.
Je me disais : elle va vers l'océan ; elle y va, sans perdre une minute. Rien qu'à recevoir l'éblouissement de ses eaux, je me sentais dépaysé, parti aux cinq cents diables. Elle me happait, elle m'emmenait sur sa route océanique.

Chapitre III, p.25 à 27.
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