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Citation de ChouettedeMinerve


Le régime de l'internat était d'une sévérité inouïe. Chaque jour, nous nous levions à cinq heures et demie pour communier. Comme forte tête, j'étais l'objet d'une attention toute particulière. L'abbé Dorne - surnommé "Marcel" -, ancien professeur de philosophie doux et affable, dès qu'il fut nommé maître de discipline, se mua en tyran à la physionomie de paranoïaque. Plein de mépris et de haine, le regard flou derrière d'épaisses lunettes que l'on disait truquées - pour voir derrière ! -, il fut la terreur de plusieurs générations d'élèves. On en parle encore maintenant à Saint-Malo et alentour.
Je réagissais à la situation avec toute la rage de la jeunesse. "Puisque c'est comme ça, je vais être le dernier de la classe." Et je m'évertuais pour tenir parole, bien que je sache pertinemment que mes mauvaises notes navraient mon père. J'avais beau faire, je n'arrivais pas à être dernier. Un garçon de Pontivy, Armand Fondain, me damait le pion, et les doigts dans le nez, obtenait la place convoitée. Le prof nous appelait "les intellectuels du fond". J'avais beau écrire mal, augmenter volontairement les erreurs, maculer mes pages de pâtés et de ratures, Armand Fondain était indétrônable. (Il a fini sa carrière comme gendarme.)

Chapitre XI, p111-112.
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