Début du XIXe siècle. La veuve, c’est Anna Maria, vieille servante, au service du nouveau prêtre, don Tommaso, dans un petit village très pieux de Suisse italienne. Leur rencontre sera l’occasion de parler d’un passé douloureux, plus ou moins lointain. Anna Maria parle de sa famille, remontant bien la généalogie pour expliquer sa situation et sa rencontre avec Pietro. Mais ce qui intrigue don Tommaso, c’est les circonstances obscures de la mort du mari d’Anna Maria…
Une histoire dans l’histoire parfaitement racontée par Daniel Maggetti, je me suis régalée de sa prose, laissée bercée par l’élégance de ses phrases, la douceur des mots italiens. Les dialogues sont intégrés à l’histoire, racontée d’un souffle. Le style de l’auteur parfois un peu compliqué à suivre, une relecture a été nécessaire - un crayon aussi - pour comprendre tous les tenants et aboutissants du récit.
Anna Maria a vraiment existé et Daniel Maggetti utilise avec justesse ce prêtre, tombé en disgrâce pour parler d’une femme possédant un fort caractère, qui lui a permis de traverser ces épreuves. J’adore ce genre d’histoires qui plonge le lecteur dans le passé pour faire découvrir un bout d’Histoire et d’une culture qu’on ne peut découvrir d’une élégante façon qu’au détour d’un roman comme celui-ci.
Merci à Masse Critique et aux éditions Zoé pour cette découverte.
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Don Tommaso, prêtre, se trouve relégué dans une cure de la Suisse italienne.
Nous sommes au 19ème siècle.
On perçoit rapidement que l'aridité de la région, la pauvreté des habitants et leur côté taiseux sont une punition pour ce prêtre. Seul paysage : des animaux, quelques rares habitants dont on n'entend pas le son, que l'on n'imagine même pas et que l'on ne situe pas.
Seul dans sa cure, le prêtre finit par avoir l'aide d'Anna-Maria qui s'occupe du repas, du linge et Don Tommaso enseigne l'écriture à Pierino, petit-fils d'Anna-Maria. Celle-ci n'est guère loquace et pourtant le curé finit par apprendre certaines choses en lisant les registres de l'état-civil. On apprend l'histoire de Pierino, puis des beaux-parents d'Anna-Maria mais de Pietro, le mari d'Anna-Maria, aucune trace. Où est-il mort ? Quand ? Dans quelles circonstances ?
Il y a des moments clés de la vie de chacun qui font qu'à un moment les langues se délient....
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J'ai apprécié ce roman "rugueux", taiseux, sans description de paysages, de maisons, de personnages. Seul ce que disent les personnages, par petites touches, dévoilent petit à petit la vie de cette famille.
Anna-Maria et son petit-fils sont très touchants même s'ils s'expriment très peu. Elle, semble être celle qui garde le cap, froide, la tête sur les épaules en toute circonstance et Pierino lui, suit le mouvement, sans jamais s'opposer ou donner son avis, tel un être fantomatique.
J'ai bien aimé le ton du livre même si pendant une partie je me suis un peu ennuyée et me suis demandé où et si on allait aboutir.
J'ai été gênée par les nombreux mots ou phrases en italien et en patois ou langue locale (car bien que je ne parle pas italien je doute que tous les mots non français soient italiens).
Un petit conseil : prendre une feuille et un crayon pour retracer l'arbre généalogique de la famille (sinon, on s'y perd).
Un grand merci à Babelio et aux Editions ZOE pour cette masse critique. D'autant plus ravie que cela m'a permis de découvrir un auteur suisse.
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Je suis un peu déçu de cette histoire...
Secret de famille, généalogie, ce qui au premier abord m'a attiré et miroité une bien jolie histoire. Le contexte très détaillé de l'histoire m'a agréablement surprise (petit village pittoresque du moyen âge à la frontière entre l'Italie et la Suisse avec force description...) ainsi que l'histoire soit ainsi romancé. De plus, le fait que l'image de couverture soit intégrée au récit m'a enthousiasmée.
Cependant, je n'est pas accroché au niveau du texte en lui même, ponctué de mot ou citation en latin sans renvoi de traduction ce qui pour moi à "gâché" le texte. Cela aurait pu "agrémenté" l'intrique, si l'éditeur avait pu prévoir un lexique en fin d'ouvrage, pour ainsi mieux comprendre et aborder l'intrique, car j'en suis sur, le texte doit être différent.
Dans l'ensemble, j'ai néanmoins passé un bon moment à découvrir cet ouvrage.
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« Matlosa » Daniel Maggetti (Zoé, 130p)
Un « matlosa », c’est, dans le dialecte italien du Tessin suisse le « venu d’ailleurs », (celui que les Alsaciens appellent le « Hargloffena »). Il s’agit ici de Cecchino, le grand-père sur les traces duquel l’auteur part à la recherche. Cecchino, homme rude, charbonnier de la campagne près de Mura, dans la province italienne de Brescia, fuit dans les années trente le chômage et le fascisme, passe la frontière suisse et s’installe près de Locarno, distant d’à peine 200km, mais c’est quand même l’exil. Outre la fabrication du charbon de bois, que l’auteur décrit assez précisément, il fera différents métiers, les travaux des champs et la maçonnerie, toujours pour des propriétaires locaux. Quand il réussit à faire venir sa femme Rosa, qui fut elle-même une enfant abandonnée et déposée dans un « tour » à sa naissance, c’est pour cette dernière un déracinement, mais il faut bien se soumettre à la décision du chef de famille, quitte à y laisser sa santé. Quant à leur fille Irma, elle s’adaptera, comme souvent ces « secondes générations », se coulera dans la langue locale et saura y trouver sa place, et pourtant, la nostalgie des origines s’efface-t-elle totalement ?
C’est, outre un bel objet livre de la maison d’édition suisse Zoé, un récit tout simple, bien écrit, une enquête généalogique. Il touchera tous ceux qui sont intéressés par une forme d’archéologie familiale, qui s’interrogent sur les mécanismes d’adaptation et de construction de soi dans un ailleurs où faire sa vie, ce qu’il faut, pour s’intégrer, abandonner ou conquérir à la force du poignet sous le regard curieux et parfois méfiant ou rejetant des nouveaux voisins.
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Voilà un livre court qui nous fait passer un très agréable après-midi dans l'Italie profonde du XIXe siècle. J'ai adoré cette histoire, inspirée d'une histoire vraie, de cette femme qui reste droite et forte malgré les obstacles. J'ai apprécié l'écriture qui dévoile l'histoire petit à petit à travers les récits hachés d'Anna-Maria. J'ai apprécié être envoyé dans ce paysage magique, aride. Les quelques phrases en italien, bizarre au début, ne fait qu'apporter plus de réalisme à cette tranche de vie. On y est et c'est dépaysant. Je le recommande à tous les curieux.
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Un « guide » pédestre tout à fait hors du commun !
Truffé de vingt balades en montagne, du Jura au fin fond des Grisons, avec des cartes topographiques, de magnifiques illustrations photographiques, des données géomorphologiques et de quelques… cent trente textes d'auteurs anciens et contemporains, de Goethe ou Hugo à Amélie Plume ou Nicolas Feuz, sans oublier Ramuz. Cet ouvrage est un pur trésor !
L'excursion à laquelle nous sommes conviés se fait d'abord chez soi, en découvrant les textes d'auteurs, les images et les cartes. Les récits choisis par les chercheurs Daniel Maggetti, Stéphane Pétermann et la journaliste Florence Gaillard mélangent les genres, poétiques, fantaisistes ou littéraires.
Le livre offre ainsi une multiplicité de regards. Des mots posés du XVIIe siècle à nos jours par des auteurs d'ici et d'ailleurs. L'occasion de se rappeler comment a évolué cette littérature de montagne.
On se souvient que longtemps, les écrivains ont arpenté les sommets en quête d'exotisme et de pureté. Par exemple, Eugène Rambert, écrivain vaudois du milieu du 19e siècle, martelait la certitude que « les Alpes sont plus encore : elles sont la poésie de notre pays. » (p. 7). Aujourd'hui, les cimes restent une source d'inspiration privilégiée, pour des raisons différentes. On en veut pour preuve l'auteur contemporain, Marc Voltenauer, qui utilise Gryon comme décor de ses polars et fait de la montagne un personnage indispensable.
« Lignes de crêtes » est le résultat d'un travail considérable mené entre le Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne, une équipe du Centre des littératures en Suisse romande et l'Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne.
Ce qui me séduit particulièrement dans cet ouvrage, c'est que le livre offre plusieurs possibilités de lecture. Chacun y trouve son compte ; aussi bien le randonneur que celui qui se laisse inspirer par les récits d'écrivains « voyageurs ».
Et les marcheurs le savent bien : outre le fait de nous nourrir, l'expérience de la montagne nous incite à nous repenser et à évaluer notre place dans l'univers ! Il s'agit donc bien d'une invitation au voyage tant intérieur qu'extérieur.
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