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Citation de CREER


L’Auvergne prenait connaissance des décisions de la capitale et, chaque jour, réalisait que les véritables pouvoirs de décision n’étaient plus, depuis longtemps, ni parisiens, ni même politiques. Ils étaient aux mains d’anonymes, dispersés dans le monde, qui ne rendaient de compte qu’à eux-mêmes. Ce n’était pas là, la moindre réussite du prince qui, en soulevant le Centre et en dévoilant la faiblesse de l’État, faisait à cette occasion, une belle démonstration de son action et de sa puissance.
La région avait retrouvé son calme mais rien ne serait plus comme avant. Les événements, s’ils avaient été spectaculaires et limités dans le temps, avaient toutefois fait bouger certains concepts. Cette province reprenait confiance en elle et, dans l’avenir, s’en laisserait moins conter. C’était une terre rustique, parfois même primitive, mais elle venait de s’émanciper, en esprit du moins, d’un jacobinisme désormais dépassé.
Les espoirs futurs de la contrée ne se situeraient pas dans un ensemble de plus en plus cosmopolite, mais bien dans la certitude que la vielle Nation, et même l’entité européenne, ne pourrait se passer d’elle. Nombreux furent ceux qui furent éclairés sur leur propre avenir. Celui-ci appartiendrait aux plus avisés, aux plus décidés. Le temps du doute était révolu pour longtemps. La froideur apparente des habitants dissimulait mal la connaissance de leurs vraies valeurs.
C’est qu’il convient d’accepter tout en bloc ; ce relief tourmenté, ce climat impossible, cette réalité qui s’obstine à écraser l’illusion. On ne plante jamais ses racines dans ce pays comme dans un autre : c’est plus le travail obstiné de celui qui s’accroche, qu’une évidence qui s’impose. Rien n’est véritablement gratuit, tout semble se mériter. Les enfants du pays partaient souvent faire leur vie dans des régions plus prospères. Ils revenaient mourir au pays. Région irritante, qui se refuse à vous plaire, qui exige toujours un engagement. Région infernale, qui décape l’âme en vous dépouillant du superflu et vous façonne à son image. Région rebelle et méprisée, qui fait de ces données des composants permanents de son identité et de celle de ses enfants.
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