Daniel Tiple

- Combien y avait-il de roupies dans cette sacoche, Jayapala ? demande le gradé.
- Six millions de roupies, monsieur l'Inspecteur.
- Il faut les compter ici, devant nous, pour les besoins de l'enquête. Si vos éléphants vous ont volé, nous devrons les inculper, les emprisonner, les faire juger.

L’Auvergne prenait connaissance des décisions de la capitale et, chaque jour, réalisait que les véritables pouvoirs de décision n’étaient plus, depuis longtemps, ni parisiens, ni même politiques. Ils étaient aux mains d’anonymes, dispersés dans le monde, qui ne rendaient de compte qu’à eux-mêmes. Ce n’était pas là, la moindre réussite du prince qui, en soulevant le Centre et en dévoilant la faiblesse de l’État, faisait à cette occasion, une belle démonstration de son action et de sa puissance.
La région avait retrouvé son calme mais rien ne serait plus comme avant. Les événements, s’ils avaient été spectaculaires et limités dans le temps, avaient toutefois fait bouger certains concepts. Cette province reprenait confiance en elle et, dans l’avenir, s’en laisserait moins conter. C’était une terre rustique, parfois même primitive, mais elle venait de s’émanciper, en esprit du moins, d’un jacobinisme désormais dépassé.
Les espoirs futurs de la contrée ne se situeraient pas dans un ensemble de plus en plus cosmopolite, mais bien dans la certitude que la vielle Nation, et même l’entité européenne, ne pourrait se passer d’elle. Nombreux furent ceux qui furent éclairés sur leur propre avenir. Celui-ci appartiendrait aux plus avisés, aux plus décidés. Le temps du doute était révolu pour longtemps. La froideur apparente des habitants dissimulait mal la connaissance de leurs vraies valeurs.
C’est qu’il convient d’accepter tout en bloc ; ce relief tourmenté, ce climat impossible, cette réalité qui s’obstine à écraser l’illusion. On ne plante jamais ses racines dans ce pays comme dans un autre : c’est plus le travail obstiné de celui qui s’accroche, qu’une évidence qui s’impose. Rien n’est véritablement gratuit, tout semble se mériter. Les enfants du pays partaient souvent faire leur vie dans des régions plus prospères. Ils revenaient mourir au pays. Région irritante, qui se refuse à vous plaire, qui exige toujours un engagement. Région infernale, qui décape l’âme en vous dépouillant du superflu et vous façonne à son image. Région rebelle et méprisée, qui fait de ces données des composants permanents de son identité et de celle de ses enfants.

Quand la vie est éclairée autrement que par l' humain et que la poésie le dispute à la science. A lire, en prenant un tout petit peu son temps, si l'on en a encore un peu pour la lecture....

Le gouvernement de l'Ultime dimension devina facilement la suite des événements. Le prince pratiquait la religion de saint Thomas, la sainteté en moins. Les grands mystères religieux, pour lui, n'en étaient pas. Il ne pouvait ignorer ce qu'il allait suivre. Il avait ruiné la carrière de Jack, s'était attaqué au dogme, essayerait de s'en sortir en se défaussant sur les hommes. L'animal était aussi séduisant qu'il était destructeur. Les responsables du purgatoire se promirent de lui faire payer chèrement... S'il le pouvait.

Le Walhalla était décidément curieux. Alex de son vivant, s'en était fait une idée différente. Dans une obscurité totale, il pouvait à peine se mouvoir. Un goût fort désagréable accompagnait la paralysie de sa puissante mâchoire. Tout raisonnement lui paraissait laborieux. Il avait la sensation de mener contre le sommeil une lutte incessante et indécise. Très lentement, il reprenait conscience de son corps et fut étonné de n'y sentir aucune blessure...

Pierre souffla. Il était soucieux. Cette énigme était particulière, il le sentait. Son instinct essayait de lui faire comprendre quelque chose qu’il ne voulait pas entendre. Toutes ces hypothèses étaient mauvaises, l’explication réelle était peut-être bien plus terrible.
– Non, c’est pas possible… marmonna-t-il.
– Qu’est-ce qui n’est pas possible ? De quoi parles-tu ? Explique-toi, le reprit Gisèle.
– Ben, disons que, imagine que ce soit…
– Mais quoi ?
– Un fantôme, articula l’historien.
Pendant plusieurs secondes, semblables à celles qui précèdent l’annonce d’une terrible sentence, le temps se suspendit. Pierre entendait, d’avance, les railleries de sa femme.
– S’il s’agissait d’un fantôme, il ne se serait pas caché derrière une personne physique, répondit-elle, essayant de ménager son époux, car elle ne croyait pas en cette éventualité qui, en son for intérieur, la terrorisait.
– Bon, mais il parlait de la Russie comme s’il y était allé. Rappelle-toi qu’il disait : « je ».
– C’est un fou, oublions-le, décida l’épouse.
– Non, Gisèle, il n’est pas fou, tu le sais bien. Son discours était trop empreint de vérité et même de sagesse, pour qu’il ait inventé ce récit qui correspond à la réalité. Tu vois, je ne crois même plus qu’il ait répété les paroles d’un autre. N’as-tu pas eu des frissons quand il s’est mis à parler ? On aurait dit qu’il y était vraiment, oui, vraiment.
– Mais ce n’est pas possible, ce type aurait ?
– Au moins deux cent dix ans !
Pierre et Gisèle se turent, épouvantés par leur propre raisonnement.

Dans les sphères des politiques, l'onde de choc secoua durement les élus. Pour nombre d'entre eux, c'était tout simplement le catastrophe. Le raisonnement était simple.
- Si Tardieu, au lieu d'être éleveur, avait été un ministre de sensibilité centriste, à son époque, les places étant tellement difficiles à conquérir chez nous, il n'y aurait plus qu'à jeter l'éponge et à se reconvertir. Dans quelle
branche ? C'est, pour la plupart d'entre nous, la file d'attente devant les bureaux de l'A.N.P.E, le chômage certain, la misère assurée, entendait-on dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Hippolyte n'était pas un homme d'argent. il décida de reverser l'intégralité de la somme aux finances de la commune et à quelques œuvres se consacrant à soulager la misère des enfants et des personnes âgées. Le conseil décida de venir en aide à quelques personnes de la localité, en grande difficulté matérielle. Avec ce qu'elles recevraient, celles-ci allaient devoir s'acquitter de l'impôt sur la fortune.

Elle aurait pu en rester là, mais elle décida de ne pas faillir à la mission qu'elle s'était fixée. Elle jugea bon de garder le contact avec son nouvel ami, mais repartit pour ses expériences très personnelles. Comme par hasard, elle se trouva sur le chemin de nombreux proches et son conjoint. Cartouche se surpassa. Sa maîtresse humiliée trouva auprès de ces messieurs de nombreuses consolations, autant physiques que sentimentales. Elle accéda à un monde ignoré d'elle jusqu'à présent.

A lire de préférence par ceux qui peuvent imaginer ou rêver qu'un au-delà existe après la jungle de la vie biologique. Une lecture sans prétention de racolage métaphysique malgré les divinités qui s'y sont invitées. Cette fiction a déstabilisé plus d'un lecteur. Elle reprend les concepts du "religieusement correct" de certains croyants et de l'idée qu'ils se font de l'espace- temps du purgatoire. Sans ces connaissances, parfois enfantines et simplistes, elle risque d'ennuyer les " non initiés".
L 'auteur.

Quand le temps, cette donnée physique encore à découvrir, nous projette par le biais de l'écriture dans une logique que nous refusons d 'appréhender et bouscule nos certitudes. Et parfois nous bouleverse...

CES TEXTES RELEVENT PARFOIS DU FANTASTIQUE,PARFOIS DE L'ETONNEMENT PROCURE PAR LE SIMPLE REEL ET TOUJOURS DU DOMAINE DU POSSIBLE.LE REVE ET LA REALITE SE CONFONDENT POUR LE PLUS GRAND PLAISIR DE NOTRE IMAGINAIRE.