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Citation de Slava


On sait aujourd'hui que beaucoup de rescapés ont voulu raconter, mais ne se sont pas sentis écoutés. Certains se sont clivés pour survivre et ce clivage les a protégés pendant la déportation et dans leur vie d'après. Ne pas en parler pour tenter d'oublier. Faire comme si ça n'était pas arrivé. Pourquoi se sont-ils tus ? Pour nous protéger, nous qui redonnions du sens à leur existence ? Pour faire comme si tout cela n'avait été qu'un abominable cauchemar ? Parce qu'ils n'arrivaient même pas eux-mêmes à croire à la réalité de ce qui leur était arrivé ? Parce qu'ils ne voulaient plus y penser ? Parce qu'ils ne pouvaient plus y penser ? Parce qu'ils espéraient qu'en n'en parlant pas, cela finirait par s'effacer, par disparaître de leur conscience, de leur vie, de leurs souvenirs ? Parce que c'était indicible, impartageable ? Parce que même si on les avait écoutés, ils n'en seraient pas moins restés seuls dans l'horreur ce qu'ils avaient vécu ? Parce que les mots ne sont que des mots que chacun entend avec sa propre subjectivité et que personne n'aurait été capable de les consoler de ces familles disparues dans les chambres à gaz, de ces errances, de cette culpabilité suprême d'être en vie quand tous les autres, six millions d'autres, étaient morts sans sépulture sur laquelle se recueillir ? Comment parler de ça à des enfants ? Et comment grandir de ce silence quand on a été l'enfant d'un de ces rescapés qui n'ont pas su, qui n'ont pas pu parle ?
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