Sans sa maladie de jeunesse, sans son appendicite, il n’aurait peut-être jamais embrassé une carrière de peintre et il serait alors passé à côté d’un destin exceptionnel. Sans les épreuves auxquelles notre famille a dû faire face naguère, je n’aurais certainement pas eu la vie que j’ai eue. Peut-être aurais-je connu, et mes sœurs aussi, une existence facile et brillante. Mais elle n’aurait pas eu le relief, la saveur et cette forme de plénitude que l’exil, que la découverte d’autres cultures et d’autres manières de vivre, que la nécessité de travailler dur, et que la rencontre avec Matisse lui ont conférée. Aucune de mes filles n’aurait vu le jour. Ni Alexis, ni Heinz n’auraient partagé ma vie.
La lumière naît de l’ombre et la domine, telle est la leçon que la vie m’a enseignée et que Matisse m’a apprise également. Elle irradie les toiles de ce maître vénéré.