David Hue

Le juge Damien Mortez avait eu son heure de gloire il y a quelques années. Aujourd’hui, ça avait été son heure pour de bon, c’est peu de chose un homme au final. Lui était connu comme le juge d’instruction des grandes causes. Il avait commencé sa carrière sur des dossiers environnementaux, au moment où certains idéalistes avaient essayé de demander des comptes aux grandes firmes multinationales sur les changements climatiques, les empoisonnements de masse aux produits toxiques, et même s’il n’avait eu que quelques succès mineurs, il s’était fait un nom. Ensuite, il avait pendant un temps été investi de cas touchant de près ou de loin au trafic d’êtres humains qui avait explosé ces dernières années avec la croissance exponentielle des flux migratoires. Il s’était donc frotté au crime organisé. Et plus récemment, il s’était attaqué aux affaires politico-financières, aux scandales de délits d’initié, de détournements de fonds publics. Une ascension dans la pourriture en somme. C’était ce qui l’avait amené sur ce dossier de corruption dont étaient soupçonnés plusieurs leaders du KK, le parti d’extrême droite en lice pour l’accession au pouvoir à la tête de la République et dont certains sympathisants zélés s’égosillaient en ce moment dans la rue.