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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Togo
Biographie :

David Kpelly est togolais. Il vit depuis une quinzaine d'années au Mali où il est directeur général adjoint de l'Institut supérieur de technologie appliquée et de gestion de Bamako et enseignant de management à l'université Montplaisir de Tunis à Bamako. Auteur de cinq recueils de nouvelles et de centaines d'articles publiés dans la presse et dans des blogs, il est lauréat du Prix littéraire France-Togo 2010.

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David KPELLY invité sur Actuel Media pour parler de son recueil de nouvelles " Le Général ne vit pas d'amour".


Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Au fond, je ne les blâmais pas, ces enfants. En vérité, j’aurais été à leur place, adolescent au coeur d’une époque de joueurs de foot payés des millions d’euros, de chanteurs érigés en dieux, d’acteurs de téléréalité célébrés sur tous les plateaux de télévision du monde, que j’aurais pouffé de rire devant un individu à la modestie vestimentaire frôlant le dénuement qui aurait débarqué devant moi, tel un saltimbanque mal inspiré, pour me demander de lui citer des noms d’écrivains.

En face de ces élèves qui ne croyaient pas aux études et à la supposée prospérité à laquelle elles mènent, j’étais, et j’en avais pleinement conscience, dans le rôle risible d’un vendeur de gilets de sauvetage en papier à des naufragés ayant perdu tout espoir quant à leur survie. Mais je devais faire respecter mon autorité d’enseignant.

En fronçant la mine, je désignai l’un des rieurs assis au fond de la classe, un adolescent portant une boucle dans l’oreille droite et un pendentif en faux argent. Il se leva, après avoir pris son temps pour arranger sa chemise moulante sur son torse, tout en paraissant étonné de mon audace, mon impolitesse de l’avoir désigné, et lança sans lever les yeux de son téléphone : « Le colonel Kadhafi était un écrivain africain. » La classe éclata de nouveau de rire. Dépassé, je me mis à ramasser mes affaires pour m’en aller définitivement, convaincu que si je m’entêtais à rester là, je finirais par commettre un crime pour me venger de tous les plats de couleuvres que ce métier m’avait fait avaler.
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Hotep Samory. L’homme s’était, depuis une dizaine d’années, grâce aux réseaux sociaux, imposé dans l’opinion comme l’un des plus grands acteurs de l’éveil du continent noir contre la domination de la France et de l’Occident. Né dans la banlieue parisienne de parents maliens immigrés, il avait, racontait-on, fait la prison à plusieurs reprises pour vol et braquage. C’était durant l’un de ces séjours carcéraux qu’il eut la vision que s’il était devenu un voleur en France, c’était parce que l’Occident pillait l’Afrique. Il fonda une association, « Renaissance Africaine », et réussit à entrer en contact avec les autorités russes et chinoises pour faire front contre l’Occident. Pour donner le ton à son combat, il répudia sa femme française et épousa trois Africaines, parce que selon lui tout Africain voulant honorer les traditions africaines est sommé d’être polygame. Grâce aux subventions de ses alliés russes et chinois, il faisait des tournées dans les capitales africaines pour exhorter les Africains à chasser les Occidentaux de l’Afrique, fût-ce par les armes. Chaque fois qu’il se faisait arrêter dans un pays pour la violence de ses propos, il accusait la France de ne pas le protéger, lui un citoyen français, puisqu’il détenait un passeport français, et demandait aux jeunes de vandaliser les entreprises et représentations françaises jusqu’à ce que la France daigne respecter son devoir de protection envers lui.
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La veille, une rumeur sortie des tréfonds de la ville s’était répandue
comme une traînée de poudre. Le président de la République,
Le-Père-De-La-Nation, au pouvoir depuis trente-cinq
ans, aurait fait une violente crise d’hernie et aurait été évacué à la
hâte en Israël. Son état s’étant très rapidement dégradé, les médecins
israéliens auraient expliqué à la famille du malade que celui
qui était devenu l’un des plus vieux dictateurs du continent noir
ne survivrait plus cette fois-ci. L’armée, qui, c’était notoire, était
le vrai détenteur du pouvoir, serait en pleines manoeuvres pour
choisir dans ses rangs le successeur du timonier. L’information
avait facilement convaincu la ville, puisque depuis trois jours,
on assistait à une étrange navette de voitures militaires entre les
différentes garnisons. Il ne fallait donc pas être un sorcier pour
deviner que tous les zémidjans de cette ville, qui invoquait depuis
des lustres la mort de son président, s’étaient retrouvés au centreville
autour des kiosques à journaux, attendant le premier journal
téméraire qui publierait la bonne nouvelle : la mort du Père-De-
La-Nation.
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La première rencontre qu’il fit, une fois qu’il mit pied hors de sa petite villa, sans être inhabituelle ou insolite, lui arracha un petit sourire. Un pasteur évangélique, un de ceux-là qui pullulent dans tous les coins et recoins de la ville, s’affublant à leur guise de titres aussi farfelus que risibles comme prophète, apôtre, disciple, prédicateur, devin, hurlait dans un mégaphone usé : « Les signes ne trompent pas, frères et soeurs, la fin est là, les signes sont vi¬sibles. La parole ne s’use pas, elle est d’airain, elle est de bronze, elle est d’acier, et elle ne s’use pas. La fin est proche, les signes sont là. Écoutez ma voix, frères et soeurs. Écoutez la voix qui crie dans le désert… » C’était un petit homme d’un mètre soixante au plus – ce qui eût pu pousser à le surnommer Zachée, ce personnage biblique tellement petit qu’il avait été obligé de monter dans un arbre pour pouvoir voir Le Christ passant au milieu d’une foule -, âgé, à voir son visage, de cinquante-cinq à soixante ans, portant un pantalon élimé et un tee-shirt gris moyennement propre sur lequel on lisait : « Ministère de la parole du Christ en action ».
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Elle ouvre les yeux. Un rayon solaire à travers la fente de la fenêtre a dessiné un petit rond lumineux sur son drap. Elle de¬vine l’heure. Entre six et sept heures. Ce petit rond lumineux est sa montre. Entre six et sept heures, il est juste posé à côté de son pied droit, dans l’encoignure du matelas. Là où elle vient de le voir, toujours fidèle au rendez-vous quotidien comme un ami sincère. De ses voisins, ne lui parvient aucun bruit. Tout le camp est toujours assoupi sous le sommeil et la tristesse. Elle s’est trop vite réveillée. Elle déteste cela. Elle aurait aimé prolonger son sommeil pour toute une journée, un an, un siècle, une éternité. Comme la belle princesse de La Belle au bois dormant, ce conte qu’elle aimait tant quand elle était au collège, elle aurait aimé que la vilaine fée Carabosse lui jette un mauvais sort pour la plonger dans un profond sommeil pendant des dizaines d’années, pour un jour se réveiller sur sa vie d’antan. Mais, hélas, elle a encore ouvert les yeux. Encore un nouveau jour ! Plus de douze heures de la réalité, la sienne, à affronter. Elle pousse un léger soupir et referme les yeux.
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Souvent, quand Nafissatou rentrait du travail, elle pensait à Alima. Elle se mettait alors à pleurer, en serrant contre son coeur le premier cadeau que lui avait offert son amie, un livre que cette dernière lui avait acheté un soir dans une librairie par terre en lui disant : « Lis-le, c’est le plus beau roman d’amour que j’aie jamais lu. » La couverture du livre, qui avait pour titre « Anna Karénine », était illustrée d’une belle femme blanche portant une robe noire et un chapeau de la même couleur. Nafi ne l’avait jamais lu, le trouvant trop volumineux. Et depuis la disparition d’Alima, le livre servait, dans ces moments de nostalgie, à recevoir ses larmes, comme si elle priait Anna Karénine, Alexis Vronski, Stepane Oblonsky, Princesse Kitty, Nicolas Lévine et tous les autres personnages du chef-d’oeuvre de Léon Tolstoï de présenter ses excuses à son amie de n’avoir pas été là pour elle dans les moments difficiles.
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Monsieur le Premier ministre, vous avez sûrement appris le drame qui a, il y a quelques jours, secoué le monde entier, celui de ces centaines d’Africains noyés aux larges de l’île de Lampedusa, dans leur traversée vers l’Europe. Vous l’avez appris, cet énième drame lié à l’immigration des Africains vers le rêve occidental, et vous avez soit poussé un soupir de compassion devant cette pitié, cette honte sans nom, soit murmuré que cela leur apprendra, à ces immigrés têtus, à ne plus vouloir quitter l’Afrique et vous exposer aux yeux de toute la Terre, comme si l’Afrique était devenu un enfer. De toute façon, ce drame vous a ému parce qu’une scène aussi inhumaine émeut toujours chaque humain qui a su garder au fond de lui une petite trace d’humanité, ou vous a laissé indifférent. Tout dépend de votre degré d’humanité.
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Monsieur le Premier ministre,

Pour la deuxième fois consécutive depuis huit mois maintenant que je vous envoie des lettres, je ne vais pas commencer en vous demandant comment vous allez. Vous vous sentez mal. Ou vous ne vous sentez pas bien. Vous êtes malade, et vous êtes actuellement sur un lit d’hôpital ou en convalescence. Depuis plus d’un mois maintenant, vous êtes malade.
Monsieur le Premier ministre, nous aurions tant aimé savoir ce dont vous souffrez, comment vous vous traitez, et comment vous vous rétablissez. Cela nous aurait permis, à nous vos frères, ou de prier pour vous, ou de vous conseiller des médicaments pour votre traitement…
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Monsieur le Premier ministre, voilà ce que sont les enfants aux citoyennes de ce pays que vous prétendez gouverner. C’est pourquoi, quand dans vos belles voitures aux vitres fumées vous passez chaque matin dans les rues de Lomé et des autres coins du Togo, vous les voyez soulever des fardeaux deux fois plus lourds qu’elles, sillonner les coins et recoins sous le chaud soleil, vendant tout et n’importe quoi, aller aux champs, user leurs frêles forces de femme contre une terre trop aride… cherchant la pitance à leurs enfants, leur seul espoir dans ce pays transformé en un gouffre de désespoir.
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Monsieur le Premier ministre, vous avez construit des routes. Oui, je suis retourné au Togo l’année passée, et j’ai vu. Ce serait malhonnête de dire que vous n’avez rien fait sur le plan des infrastructures. Mais si vous voyez que, malgré ces efforts que vous semblez déployer, le peuple grogne toujours, vous boude toujours, c’est parce que vous n’êtes pas ceux qu’il veut. C’est parce que ce peuple ne se sent lié à vous par aucun contrat. Parce que vous l’avez trop fait souffrir, vous le faites trop souffrir.
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