David Nicolle

Pour commencer, je dois dire que j’ai du mal à comprendre pourquoi Osprey n’arrive jamais à faire écrire ses ouvrages concernant l’espace germanique par de vrais spécialistes du sujet. En l’occurrence David Nicolle est spécialiste de l’Asie centrale, ce qui nous place tout de même bien loin de la Baltique. C’est un choix d’auteur assez curieux, surtout que, même si les spécialistes sont généralement Allemands, tous parlent couramment anglais. Malgré cela, David Nicolle ne se débrouille encore pas trop mal, mais le propos a tendance à partir dans tous les sens par moment et peut se révéler dur à suivre.



Au niveau de la structure, l’ouvrage est organisé comme la plupart des autres livres de cette série. Il aborde d’abord l’organisation de l’ordre teutonique ainsi que la manière dont s’effectue le recrutement. Vient ensuite le passage obligé, lorsque qu’on parle d’un ordre religieux militaire, d’évoquer les croyances et la place de la religion dans la vie des chevaliers teutoniques. Puis on passe à l’apparence et l’équipement avant d’enchaîner avec l’entraînement et la vie en campagne avant de terminer avec quelques exemples de batailles et les lieux historiques importants.

Le tout se déroule à un rythme assez soutenu et comme, je l’ai évoqué plus haut, on passe parfois un peu du coq à l’âne à toute allure, ce qui ne rend pas toujours la lecture des plus faciles.



Au niveau du contenu informationnel, ça m’a l’air correct (mais je ne suis pas spécialiste du sujet), toutefois la bibliographie me dérange un peu, dans le sens où sur l’ensemble de celle-ci il n’y a quasiment aucun ouvrage postérieur à l’an 2000, ce qui est embarrassant pour un livre paru en 2007.

Cela veut dire qu’à l’heure actuelle (2019), le contenu informationnel de ce livre pour l’essentiel une trentaine d’années (beaucoup d’ouvrages des années 80). Par ailleurs, pour un sujet de ce type, je remarque une proportion très (trop) faible d’ouvrages en allemand et aucun en polonais, alors que ce sont les deux pays qui produisent le plus de recherche dans ce domaine. Je soupçonne l’auteur de ne pas parler polonais (c’est pardonnable) et de peu ou pas parler allemand (ça par contre ça ne l’est pas), ce qui l’a coupé des recherches récentes. Conséquence malheureuse de ne pas avoir fait appel à un vrai spécialiste de la question.



Par ailleurs je regrette au niveau informationnel l’absence totale de comparaison avec la représentation mentale contemporaine des chevaliers teutoniques. L’auteur n’évoque pas une seule fois la récupération de l’ordre par les nationalistes au XIX-XXe siècles, alors que c’est tout de même cet état teutonique médiéval qui a servi d’argument aux guerres de l’Allemagne à l’Est. Un petit paragraphe pour évoquer ces évènements aurait été bienvenu.

Par ailleurs, alors que l’on se représente généralement les chevaliers teutoniques avec un grand heaume à « cornes », on n’en trouve ici aucune représentation et il n’y a aucun mot à ce sujet, ce qui me laisse dans le flou alors que j’aurais bien voulu savoir s’il s’agit d’une image d’Épinal.



En ce qui concerne l’iconographie, il n’y a rien à redire. Les photographies illustrent bien le sujet et sont globalement de bonne qualité, bien qu’il soit dommage qu’elles soient toutes en noir et blanc. Les planches illustrées de Graham Turner sont magnifiques et informatives.



Un livre correct dans l’ensemble pour une introduction, mais qui aurait gagné à être écrit par un spécialiste du sujet.