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Citation de enkidu_


La Syrie jihadisée prend les atours d’un pays de cocagne matériel et spirituel où les dominés deviennent dominants, où les rapports de classes sont inversés, où des jeunes Français en majorité issus des minorités s’approprient le monopole de la violence physique légitime d’État, au prix d’un aller simple pour la Turquie. Souvent au bas de l’échelle sociale en France, ils intègrent en Syrie le groupe qui est au pouvoir. Soumis à une législation dont ils s’estiment victimes en France, ils deviennent les garants de l’imposition ultraviolente de leur propre législation en Syrie. C’est la revanche sanglante des humiliés, le remède à toutes les frustrations, générant dès 2013 des départs exponentiels alors que le phénomène est encore inconnu des médias et mésestimé par les services de renseignement. Le jihad en Syrie est alors vendu et vécu comme une expérience de jouissance individualiste et collective, légitimée religieusement, offrant un statut de chevaliers de l’islam et l’effacement de tous les péchés.

Tout ce qui n’était pas possible en France devient possible en Syrie. Nike Air aux pieds, fusil d’assaut dans une main, smartphone dernier cri dans l’autre, le consumérisme capitaliste n’a en rien disparu chez ces Français. Tout ce qu’ils ne pouvaient pas posséder en France est à portée de main en Syrie au titre du « butin de guerre ». Cela au nom d’une cause présentée par la propagande comme ontologiquement noble, valorisante et rédemptrice : défendre les musulmans en créant une cité idéale avec, à la clé, la promesse pour cette poignée d’élus du plus haut degré de paradis dans l’au-delà. « On voit les vidéos où ils sont dans des piscines, ils s’amusent, ils mangent des glaces, du Nutella. Ils prennent des photos avec des chats, ils vont dans des parcs d’attractions. Du coup, ils s’éclatent vraiment et ils se sentent libres. Plus aucune contrainte, plus de soumission à un système, comme ils disent, corrompu, explique Zoubeir. Ils sont dans le meilleur des systèmes, libres de profiter, sans culpabiliser. Quand ils s’amusaient en France, ils se disaient : “Ah oui, mais ce qu’on fait ici, ce n’est pas bien, on s’amuse alors que des gens sont en train de se faire tuer dans le monde.” Mais le fait que maintenant eux aussi sont partis combattre les gens qui opprimaient leurs frères, ça ne leur pose plus de problème de profiter de la vie. »
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